L'histoire :
Étendue sur un tronc d'arbre, une petite fille se réveille doucement. Alors qu'elle s'étire, elle regarde l'intérieur du seau qu'elle a rempli précédemment. Dedans se trouvent deux couronnes de fleurs qu'elle a fabriquées. La fillette se rend compte que la journée est vite passée et que, si le professeur la trouve ici, elle se fera gronder. Doucement, derrière elle, une silhouette sombre s'approche. Il s'agit d'une créature monstrueuse à la peau charbonneuse, très grande, avec des cornes sur la tête et une queue fourchue sortant de son manteau. Loin d'être effrayée, la petite fille reconnaît le professeur. Ce dernier lui dit que rester trop longtemps ici est dangereux. Tous les deux se rendent ensuite dans un village et y récupèrent de la nourriture. Ils ne croisent personne, si ce n'est une silhouette aperçue au loin par la fillette. Une fois rentrés, le professeur rappelle à la petite fille qu’elle ne doit en aucun cas le toucher lui ou quelqu'un d'autre venant de l'Extérieur, car celle-ci s'en retrouverait maudite...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En lisant, il n'est pas rare d'éprouver des émotions ou de ressentir des sensations. En général, lorsque cela se produit, nous avons là un livre marquant. L'enfant et le maudit est assurément l'un d'eux. Depuis 2016, Nagabe présente un univers étrange, une sorte de monde séparé en deux, l'un étant nommé l'Intérieur et l'autre, l'Extérieur. Dans le premier vivent les humains et dans le second des êtres maudits, sortes de créatures effrayantes rappelant des formes démoniaques. L'histoire se penche sur la relation entre une petite fille et un de ces damnés, aux côtés de qui elle vit. Dès les premières pages, on s'interroge sur leurs raisons et sur les liens qu'ils partagent. Le monde est extrêmement mystérieux et les interactions entre les deux territoires vont permettre d'appréhender le récit tout en s'y immergeant plus encore. Se déroulant sur un rythme assez lent, la narration impose une atmosphère sombre, mystérieuse et légère. Proprement atypique et d'emblée attachant, ce premier album se distingue aussi par son visuel. Jouant énormément sur les contrastes entre des encrages fins et très présents et un trait plus épuré et lumineux, Nagabe impose une patte graphique très différente de celle que l'on trouve actuellement dans la production manga. Cette originalité va de pair avec un récit qui l'est tout autant. L'enfant et le maudit a tout du chef-d'œuvre !