L'histoire :
Sheeva vivait depuis quelques temps auprès du professeur, l'espoir de revoir sa tante se faisant moins grand à mesure que les jours passaient. Lorsque celle-ci est venue la chercher, la petite fille n'y croyait plus. Sa tante lui prend la main et la presse de la suivre à travers les bois. Sheeva n'est pas foncièrement très ravie. Elle n'a pas dit au revoir au professeur et n'a pas pu prendre le livre qu'il lui avait offert. Alors qu'elle relâche la main de sa tante, le professeur les rejoint. La vieille femme lui somme de ne pas s'approcher tandis que Sheeva lui rétorque que celui-ci n'est pas méchant. Le professeur ne comprend pas : comment sa tante peut-elle être toujours vivante et qui plus est, présente ici à l'extérieur ? Toujours prompt à faire des compromis et discuter, il reçoit soudain une nuée de flèches. Ce sont des soldats qui sont venus récupérer Sheeva et sa tante. Elles sont emmenées dans un chariot et tous s'enfuient tandis que le professeur retire les flèches. Il se met alors à les poursuivre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Se plonger dans l'univers de Nagabe est à chaque fois synonyme d'émotions. Avec L'enfant et le maudit, le mangaka est parvenu à créer une fable à l'atmosphère sombre, intrigante et accrocheuse. Cette histoire entre un être maudit au corps charbonneux et une petite fille à l'aura blanchâtre nous balade depuis le premier tome avec une facilité déconcertante. Il faut dire qu'en termes d'immersion, l'auteur n'a pas son pareil pour nous laisser imaginer de nombreuses choses. Son univers se dévoile doucement et par petites touches, que ce soit via un rebondissement ou par le biais de dialogues évasifs. Le second tome s'était conclu sur l'arrivée de la tante de Sheeva, une personne que l'on croyait morte jusqu'ici. Cette dernière va forcer la fillette à fuir le professeur et retourner dans la cité. Entre déchirement et incompréhension, nous suivons cette tragédie avec une émotion certaine. Cet opus nous permet aussi d'en apprendre plus sur ce qui se trouve loin de la forêt du professeur et ainsi de saisir un peu mieux ce qu'est la malédiction. Nagabe vise juste et trouve toujours le moyen de nous tenir en haleine. Les thèmes développés le sont avec une puissance évocatrice rare. Dans un autre registre, on pourrait rapprocher L'enfant et le maudit de la série télé The Leftovers, modèle de subtilité narrative. Atypique, L'enfant et le maudit l'est aussi grâce à son visuel d'une élégance et d'une pureté bluffantes. Le contraste de chacune des pages est d'une composition incroyable. Chaque petit trait est minutieusement placé. Sélectionnée pour le prochain festival d'Angoulême, cette série se place parmi les lectures marquantes de ces dernières années.