parution 01 avril 2007  éditeur Milan  collection Kankô
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Historique / Seinen

L' orchestre des doigts T3

Les années 1920's voient au Japon le développement d'une nouvelle méthode d'enseignement aux sourds et malentendants, la méthode oraliste menaçant sa grande soeur gestuelle... Une lecture d'intérêt public !


L'orchestre des doigts T3, manga chez Milan de Yamamoto
  • Notre note Red Star Red Star Red Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Red Star Red Star Red Star Red Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Red Star Red Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Milan édition 2007

L'histoire :

1921, préfecture de Shiga – Yoshinosuke Nishikawa, après avoir confié les affaires à son père, décide de ne se consacrer qu’à sa famille. L’homme est papa d’une petite Hamako, une enfant sourde et pourtant rayonnante, qui parle et semble entendre comme tout un chacun. Son secret ? La lecture labiale. Depuis son plus jeune âge, Hamako s’exerce à lire sur les lèvres. Elle est pour l’heure capable de déchiffrer et prononcer près de 200 mots ! Yoshinosuke est persuadé qu’avec une éducation adaptée, « n’importe quel sourd peut parler ». Le maître a mis au point une technique détaillée d’apprentissage. Du matin au soir, il s’efforce à exercer les sens de sa fille, de sa faible audition restante à sa vue experte. Un jour, une autre enfant souffrant de surdité vient frapper à la porte. La petite voisine fréquente l’école spécialisée de Kyôto et demande à jouer avec Hamako. Cette dernière ravie accepte avec joie et les deux enfants passent un après-midi inoubliable. Chose étrange cependant, la gamine paraît incapable de lire sur les lèvres. A défaut, elle communique par signes, plaçant les mains différemment selon le propos. Rentrée chez elle au soir, Hamako est impatiente de raconter à son père sa journée. Joignant le geste à la parole, elle commence à signer quand son papa l’arrête brutalement d’une claque ! Nishikawa s’emporte : signer, c’est condamner le sourd à une vie pathétique. Signer, c’est renoncer aux efforts faits pour lire et prononcer les mots des lèvres. Pour garder une chance de s’intégrer à la société normée, il faut apprendre aux sourds à lire et parler. Il faut interdire la langue des signes : Hamako ne reverra plus sa petite camarade…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

A l’instar du dernier tome en date de la série Survivant (sorti parallèlement chez le même éditeur), ce troisième volume de l’Orchestre des doigts n’hésite pas à remettre en question l’acquis précédent, pour le meilleur et non le pire. Ainsi, l’entame surprend en présentant de nouveaux personnages, « maître » Nishikawa et sa fille, vecteurs d’une méthode alternative (et exclusive) d’enseignement aux malentendants : la méthode oraliste. La méthode gestuelle, la fameuse langue des signes sur la sellette, c’est jusqu’au titre de la série qui se voit menacé. Osamu Yamamoto poursuit son histoire sociale du handicap, souvent souffre-douleur d’une histoire intérieure tragique. Méconnus pour la plupart d’entre vous, ces deux fils conducteurs (l’histoire intérieure nipponne et celle de l’enseignement aux sourds) s’entremêlent, balaient les clichés et offrent un propos d’une densité réelle, vraie. Après un premier diptyque iconoclaste tournant autour du thème de l’acceptation, ce chapitre ouvre lui la question de l’intégration : est-ce à la société ou aux malentendants (plus spécifiquement) de s’adapter ? Les thèses en présence sont toutes deux motivées, complexes et bien difficiles à départager. Un récit très loin du manichéisme, qui ne laissera personne de marbre. Par ailleurs, alors que l’on pouvait s’agacer d’un trop plein d’expressivité figurée sur les deux premiers albums, cette fois l’émotion est contrôlée et soigneusement distillée au fil des pages, réservant les traits tout azimut aux situations les plus poignantes, en ouverture et fin de récit. La chronologie de ce début du siècle dernier déroule sa trame, riche et surprenante. Les enfants et leurs professeurs ont grandi, flirtent voire se marient. La musique semble avoir été définitivement remisée de côté. Reste une unique mission et raison de jouer, de se battre : l’orchestre des doigts. Suite (et fin du problème ?) au prochain épisode…

voir la fiche officielle ISBN 9782745925879