L'histoire :
Beodeul et Hyongeum, toutes deux nées dans des familles pauvres de la région de Songdo, sont confiées par leur famille aux bons soins d’une courtisane renommée, Choseon. Cette dernière est une Kisaeng, une Geisha coréenne, qui accepte de leur enseigner un art subtil et exigent : la séduction. Bonnes manières, mouvements légers, danse et chant, l’apprentissage est difficile et long. Cependant, Dame Choseon ne peut garder que l’une d’entre elles et, après un mois d’observation, elle choisit Hyongeum. Beodeul est alors contrainte d’entrer au service d’une simple fille de joie qui néglige sa maison. La jeune adolescente déploie néanmoins tout son talent et s’attire les faveurs des marchands ambulants, qui font un détour dans l’établissement pour le plaisir d’un repas servi par ses soins. Malgré tout, Beodeul a le sentiment de perdre son temps. Elle décide alors de forcer le destin en se rendant chez la fière et jolie courtisane Choyeon pour y être engagée… De leur coté, mère Choseon et Hyongeum accueillent un invité de marque, le puissant Sire Yu qui fait rajeunir l’expérimentée Kisaeng de quelques années : plus qu’un client, il est l’homme de sa vie. Le temps de son séjour, elle ferme alors son établissement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme il l’avait démontré avec aisance dans La bicyclette rouge, Kim Dong Hwa offre avec la série Histoires de Kisaeng un récit emprunt d’une extrême sensibilité. En suivant le parcours initiatique de ces deux jeunes adolescentes, on plonge dans un univers où seuls raisonnent les clapotis des gouttes d’eau, le souffle léger du vent, le murmure des chants, le pas léger des danseuses : un univers à mille lieues de notre quotidien. Le sujet est des plus dépaysants. On est en effet généralement peu informé des us et coutumes de ces courtisanes d’un autre temps. Un monde servant aisément érotisme et sensualité, présents tout au long de l’histoire, toujours traités avec raffinement et subtilité : une manière très asiatique d’aborder la sexualité. Ce ton volontaire donne à la série un rythme d’une lenteur infinie. Une cadence qui, au fil des pages, agace quelque peu. Le langage sophistiqué, voire précieux, ainsi que l’art perpétuel de la métaphore poétique, renforcent cette gêne : on aimerait que ça bouge un peu ! Car le charme opéré par le choix narratif en fait aussi son défaut. La qualité et la précision du trait de Kim Don Hwa renforcent d’ailleurs ce paradoxe : une parfaite adéquation avec la poésie de l’ouvrage, une même lenteur suggérée par les cadrages et la pénurie de mouvement. Le dessin est ultra minimaliste, mais ça fonctionne bien pour ce type de récit. Cette série, prévue en 3 tomes, offre un moment de lecture reposant, qui réconforte un soir de tempête et nous téléporte doucement…