L'histoire :
Les vacances d’été battent leur plein. Ruka, une collégienne vive et éprise de liberté, est bien décidée à les occuper en s’adonnant à l’une de ses passions : le handball. Bien vite pourtant, suite à un mauvais geste à l’encontre d’une de ses coéquipières, elle est exclue du club pour toute la durée des vacances. Ne souhaitant pas rentrer chez elle, elle troque l’argent qu’elle avait pour s’acheter de nouvelles baskets contre un billet de train pour Tokyo car elle a une terrible envie d’aller à la mer. Peut-être pourra-t-elle ainsi revivre ce moment merveilleux ? Celui où dans le grand aquarium dans lequel travaille son père, sous ses yeux ébahis, la raie s’était transformée en un grand flash lumineux. Nul doute pour elle qu’il s’agissait là de l’apparition du fantôme des mers même si personne ne l’a crue. Tant pis ! Pour l’instant, elle erre dans la ville sans trop savoir où elle va. La nuit tombe. Elle trouve la mer, enfin... et fait une curieuse rencontre : un garçon qui dit s’appeler Umi. Le jeune homme est capable de rester plusieurs minutes en apnée tel un dauphin. De plus, il semble glisser sur l’eau et sa peau brille d’un drôle d’éclat : la même lumière que celle du fantôme de l’aquarium...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir planté les jalons d’un univers onirique et singulier, notamment construit autour d’Hanashippanashi (2005), Sorcières (2006) ou encore Petite forêt (2008), Daisuke Igarashi débarque chez Sarbacane pour une épaisse saga déjà culte au Japon (4 volumes publiés pour l’instant). Toujours animé par la volonté de marcher dans les pas de son idole Hayao Miyazaki (à qui on le compare régulièrement), Igarashi nous propose, avec ces Enfants de la mer, un récit mêlant fantastique, mystère et écolo-poésie. C’est Ruka, une petite collégienne au caractère trempé, qui se charge de nous tendre la main pour ce 1er chapitre (320 pages) mettant méticuleusement en place les balises du récit. La voilà qui nous invite, alors, auprès de deux mystérieux gamins (Umi et Sora) élevés depuis leur plus tendre enfance par des dugongs (des mammifères marins). La voici, encore, qui partage le secret d’avoir, tout comme eux, rencontré un fantôme des mers (rêve ou réalité ?). La revoilà enfin qui s’inquiète de la disparition (un vol ?) de plusieurs espèces de poissons ou de leur subite migration, puis de l’apparition d’étranges et attirants « feux follets » sous marins... Tisonnés par quelques séquences (interviews en flashbacks) révélant l’existence de plusieurs enfants semblables à Umi et Sora, le mystère est particulièrement bien amené. Propice, en tout cas, à nous appâter diablement. Voici donc une mise en bouche sérieuse, sertie par un univers crédible et tutoyant pourtant la féerie. Le tout démarre cependant peut-être un peu au ralenti. Reste encore par exemple aux gamins à nous apprivoiser un chouya pour emporter notre totale adhésion. Et reste à l’intrigue à décoller réellement pour nous embarquer les yeux fermés. Daisuke Igarashi livre une partition graphique tout aussi sérieuse. On aime ce dessin qui apaise. On aime l’intensité des regards ou l’aisance des mouvements. On adore les scènes subaquatiques et plus généralement la maîtrise de l’univers marin. Un début des plus encourageants, en tout cas.
