L'histoire :
Hashimoto est une lycéenne timide, calme et renfermée. Avec un tel caractère, elle ne s’est jamais faite d’amie et, le jour où les élèves doivent constituer des groupes pour le voyage scolaire, personne ne veut la prendre. Le soir, Hashimoto se fait réprimander par le professeur principal : c’est son caractère effacé qui est la cause de ses problèmes et elle doit changer pour s’ouvrir aux autres ! Mais ce n’est pas aussi simple car la jeune fille est victime de brimades de la part de ses camarades : à sa sortie, un groupe de filles vient s’assurer qu’elle est bien restée muette en face du professeur et, en passant, en profitent pour lui mettre quelques coups. Plus tard, en cours de sport, Hashimoto se fait encore importuner par les autres filles qui lui jettent carrément un ballon de volley en plein visage. Là encore, ce qui embête le plus le professeur, c’est qu’avec une élève blessée durant son cours, il va avoir des problèmes à la prochaine réunion... Hashimoto n’en peut plus et, tandis qu’elle pleure seule le soir dans un parc, une femme l’aborde et lui promet de l’aider à résoudre ses problèmes. Elle dirige une sorte d’association dont le but est d’aider les gens et dit que Dieu lui a donné le pouvoir de percevoir la souffrance des gens malheureux... Quelques jours plus tard, Subaru a rendez-vous avec sa grand-mère qui est venue lui annoncer sa nouvelle mission : le ministère de l’éducation nationale veut qu’il mène une enquête au sein d’une nouvelle communauté religieuse qui recrute ses membres dans les lycées...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au programme cette fois-ci, l’abus des faibles, les sectes, la place des personnes âgées dans la société moderne, le rejet de l’étranger, l’indifférence... Bref, l’amour véritable, l’humanisme, ou leur contraire, sous de nombreuses formes. Tout comme dans les deux volumes précédents, au-delà de la dénonciation, on appréciera le ton qui est donné : le héros (ainsi que sa sœur, mise en avant cette fois-ci dans l’un des chapitres) aime profondément la vie, les gens, et ne juge pas sur les apparences, comme le dit d’ailleurs directement Hokuto à Seïchirô dans une discussion à « couteau tiré » (littéralement - et il n’y en a qu’un) sur le double jeu du magicien. Subaru et sa sœur se donnent tous deux sans compter, quitte à souffrir aux côtés de ceux qu’ils cherchent à comprendre et à aider. Bref, le meilleur remède contre l’inhumanité serait simplement l’humanité, sous toutes ses formes, même lorsque cette humanité induit la colère ou la révolte. Quelqu’un qui ne prônerait que l’amour sans limite, sans chercher à comprendre, ne serait qu’un monstre dénué d’empathie comme l’est finalement le gourou du début de ce volume. Pour changer un peu, Hokuto est l’héroïne principale du dernier chapitre, ce qui représente bien la tendance générale, la sœur de Subaru devenant en effet de plus en plus importante au fil des pages depuis le début de la série. Faussement superficielle, celle-ci semble avoir percé à jour Seïchirô tout en continuant de l’accepter tant qu’il ne se montrera pas un danger. Lors de leurs scènes communes, on ressent bien le fil du rasoir sur lequel reposent les relations entre les personnages, de plus en plus oppressantes pour le lecteur au cœur d’un malaise presque permanent que les CLAMP entretiennent avec brio. La facture graphique est désormais de bien meilleur qualité : le trait s’est clairement affiné, le remplissage des espaces est plus cohérent, le tramage plus soigné, le travail des photos moins maladroit et, surtout, la mise en scène a fait un bond incroyable. On voit d’ores et déjà apparaître les prémices du style X - 1999 : pleines pages oppressantes de fond noir au découpage saccadé au rythme des mouvements, symbolique des poses (comme par exemple la position de mort du gourou, « crucifié » la tête en bas...). Ce troisième tome marque le tournant de la série à tous point de vue : le dessin atteint une certaine maturité, le scénario se fait plus épais à chaque histoire et le fil rouge prend également de l’ampleur avec un Seïchirô qui déclare « ouvertement » son intention de tuer Subaru. Vite, la suite !
