L'histoire :
Tokyo, la Babylone moderne. Dans cette ville qui ne dort jamais, Subaru Sumeragi, 13ème chef de famille et grand maître de la magie du Yin et du Yang, exerce le métier d’exorciste. Il vit non loin de sa sœur jumelle et de son ami Seïchirô Sakurazukamori, descendant pour sa part d’une famille de magiciens assassins utilisant eux aussi le Yin et le Yang, mais à d’autres fins... Pourtant, Seïchirô semble malgré son titre être un simple vétérinaire et prétend être amoureux de Subaru. D’ailleurs, il n’est pas aussi sensible et gentil que son jeune alter-égo et n’hésite pas à l’épauler dans l’ombre lorsque les « faiblesses » de Subaru le mettent en péril. Et Seïchirô semble également jouer un double jeu que Subaru refuse pour le moment de voir. Le jeune homme a d’ailleurs d’étranges souvenirs et il semble que la rencontre entre les deux magiciens soit plus ancienne qu’il ne le pense. Mais toute l’énergie de Subaru passe dans l’empathie qu’il déploie lorsqu’il communie et sauve les esprits perdus qui font souvent le mal sans s’en rendre compte. Il n’a pas vraiment le temps de s’occuper de son propre bonheur et de ses soucis personnels, et c’est d’ailleurs pourquoi sa sœur le pousse sans cesse dans les bras de Seïchirô, afin qu’il trouve en lui l’amour dont il a besoin pour se ressourcer. Mais le loup et l’agneau peuvent-ils vraiment s’aimer ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le sujet se veut ambitieux : Tokyo, capitale du Japon, nouvelle Babylone telle que prophétisée par les chrétiens, lieu décadent perverti par tous les vices, déshumanisé, corrompu... Au milieu de cette tourmente vit Subaru, 13ème chef de la famille Sumeragi, grand maître de la magie du Yin et du Yang, chargé de soigner les maux du monde en exorcisant les fantômes ou les esprits malins qui sont créés par les mauvaises actions des hommes. Mais le « sauveur » lui-même est proche de la limite puisqu’il semble vivre une histoire d’amour avec ce qui devrait probablement être son pire ennemi, un homme qui plus est, cette homosexualité latente lui paraissant d’ailleurs anormale comme il le dit lui-même (l’homosexualité étant d’après les chrétiens une des raisons ayant mené à la destruction de Sodome, sort également prédit à la future Babylone). La chute de Tokyo est proche, et avec elle probablement la fin du monde... Pour le moment, l’eschatologie est pourtant laissée de côté par les CLAMP qui se contentent d’explorer et de nous montrer un par un les mauvais côtés de la société moderne à travers chacune des enquêtes et chacun des exorcismes du héros. Mais l’ombre plane, le décor se met en place et, malgré des passages comiques, le ton général est grave, l’ambiance oppressante. N’oublions pas que cette série est l’avant-garde de la série X dont le thème central est bel et bien la fin des temps. Ce premier opus est néanmoins encore loin d’expliquer à lui seul pourquoi cette œuvre est devenue culte : dans ces chapitres, le scénario est souvent maladroit et encore peu profond, sans parler de l’aspect graphique. Le trait y est encore jeune et plein de défauts à l’instar des plus vieilles créations du studio (Le voleur aux cent visages, Dukalyon) : problèmes de proportions, de silhouettes, découpage académique la plupart du temps, tramage souvent grossier, contrastes pas toujours bien rendus... Mais déjà, le niveau s’améliore à chaque chapitre et le don des CLAMP pour la mise en scène suffit à nous tenir accrochés. Au fur et à mesure de la lecture, on se pose des questions sur notre mode de vie, sur la nature de l’homme... Comme le dit Seichirô dès le premier chapitre, nous avons finalement plus à craindre des esprits des vivants que de ceux des morts. La graine est plantée, le cœur de l’histoire éclora bientôt. Attendons les prochains volumes.