L'histoire :
Recueil d’histoires, Chroniques de Pékin démarre par celle d’une jeune chinoise et de son grand-père. Ces deux personnages symbolisent la confrontation entre les anciennes générations qui défendent leurs traditions et les nouvelles qui veulent d’une Chine moderne. Ici leur différend porte sur le fait que les anciens se baladent torse nu lorsque la chaleur se fait sentir. Rusée, la jeune fille piégera son grand-père à plusieurs reprises pour qu’il agisse de manière plus moderne… Parmi la dizaine d’histoires suivantes, on aura l’opportunité d’aborder divers thèmes comme la pollution ou encore la perception de la Chine par les étrangers. On remarquera entre autres, celle d’une petite fille boiteuse qui rêve de devenir nageuse. Son grand-père ne manquera pas d’imagination pour l’aider à réaliser son rêve, pour un final plus qu’onirique. Le récit poignant d’une tranche de vie d’une ex-lutteuse professionnelle ayant perdu toute chance d’accomplissement est également remarquable. Une série de croquis des habitants de Pékin complète le recueil.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Chroniques de Pékin, l’éditeur Xiao Pan réussit encore une fois à nous proposer un manhua ambassadeur de la culture chinoise. Et ceci avec un certain brio. Le soin apporté au volume dénote du sérieux de la démarche : publié sur du papier de qualité, avec des planches en couleurs, des introductions à chaque histoire, des présentations de chaque dessinateur et même une post-face rédigée par Benjamin, c’est un régal pour le lecteur. Que du bon ! Cette BD est aussi très intéressante pour ceux qui ne connaissent pas les productions chinoises. En effet, la diversité des styles des auteurs permet au lecteur d’avoir un aperçu du potentiel des manhuas et de les différencier des mangas auxquels ils sont parfois associés à tort. Cela saute aux yeux ici. Les dessins ne sont pas tous du même niveau, même si quelques auteurs frôlent le sublime (notamment Lu Ming et Song Yang). Côté scénario, c’est variable. On apprécie la légèreté avec laquelle Ji’An parvient à exposer le conflit de générations et la métamorphose de la Chine. De même on se laisse facilement porter par l’onirisme de Nie Jun. Par contre Song Yang perd encore le lecteur dans sa superbe fresque pop. Sa contribution à ce tome ne prend toute sa dimension que par les croquis en fin de volume. Mais au final c’est une affaire de goût et la nature collective de cette BD est d’exposer autant de styles de dessin que de ressentis des chinois sur la métamorphose de leur pays. Et dans le contexte international actuel, on ne peut que saluer l’initiative.