L'histoire :
Accompagné de Messieurs de Montaguère et Estienne de Viaroux – qui a reconnu être coupable du mal-être d’Hoel – Isabeau a été invité par le roi en sa capitale, Abomey, afin d’y régler ce différent. La route entre Juda et Abomey n’est pas facile, sous une chaleur accablante, mais la caravane parvient en peu de jours à destination. Là, devant le roi, il faudra être adroit. Si le monarque absolu n’est pas stupide au point de juger les sujets de son lointain cousin français, il entend être respecté et obéi en son royaume. Le commerce avec les Blancs est d’importance mais leur arrogance pourrait leur valoir un courroux fier et terrible ! Habile de sa langue et avertie par le prudent Aouan, Isa prend la parole en public devant le roi. Le souverain a déjà pris soin de marquer son rang en offrant à de Montaguère une esclave maladive – qu’il ne pouvait refuser – marque d’adresse et de condescendance mêlées. Isa s’en sort brillement, jouant sur la noblesse de son hôte et son comportement de même face aux avances coupables de Monsieur de Viaroux. Le (prétendu) gentilhomme se sent sur la sellette. La belle s’est montrée d’un sang froid incroyable. Il faut maintenant faire retomber le discrédit sur elle s’il veut s’en sortir. Le lendemain venu, Isabeau est mise au défi de toucher – à l’égale des amazones archers du roi – un oiseau dans le ciel à 50 pas. Avec aplomb et une inconscience qui est toute elle, Isa s’empare du fusil d’Aouan, vise et tire : l’oiseau retombe aux pieds de Monsieur de Viaroux « tel les soupçons sur celui qui les avaient injustement fait naître », ainsi parle le roi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Où le destin re-pointe le bout de son nez. Découverte avec la vérité du royaume de Judas, au cœur d’une Afrique noire fière et forte de ses valeurs. L’album s’ouvre ainsi avec la visite d’Isa au roi en sa capitale. Accompagnée de Messieurs de Montaguère et de Viaroux – qui a avoué être la cause du mal qui ronge Hoel – la belle de jade doit faire la preuve de son bon droit, comme de son courage, si elle veut récupérer son presque mari (…). L’heure du serpent conclue richement l’épisode ouvert avec Le comptoir de Juda. Aux côtés d’Isa, le félin Aouan – que l’on regrettera (François Bourgeon est parfois si cruel avec ses personnages mais c’est ce qui fait le sel de l’intrigue !) laisse place, en quelque sorte, à son pendant féminin la jeune Alihosi. Comme le dit Aouan : « Alihosi, c’est femme, nèg’ et esclave. C’est pas grand-chose mais c’est cadeau du roi alors (…) ». Et puis Mary est elle empêtrée dans ses frasques, prise entre John atteint de folie et de jalousie maladive certaine envers tous, et François Vignebelle dont l’Anglaise a pris la vertu ! Enfin le destin donc, que l’on croyait conjuré en fin de premier album, refait son apparition dans la bouche d’Isa. Il est vrai qu’il engloutit ici deux ignobles personnages en lesquels l’histoire n’avait plus ni espoir ni besoin. Qu’ajouter ? Ces rééditions successives aux éditions 12BIS s’habillent de couvertures rafraîchies : elles font peaux neuves. Le cadre noir d’origine – qui allait si bien à l’ambiance retorse de ce numéro – s’efface pour un bleu océan offrant clarté et profondeur. Jusqu’alors la mue n’avait pas été si flagrante, quoique notable ; L’heure du serpent marque le pas. Il ne sera que plus criant sur le prochain et jusqu’à aujourd’hui conclusion de la série : Le bois d’ébène…
