L'histoire :
« François Bourgeon, c’est tout un studio de cinéma dans un crayon », disait Jean-Luc Cochet. Dès le premier tome de sa célèbre série Les passagers du vent (en 1980), l’auteur français hissait effectivement d’emblée très haut l’étendard de la bande dessinée historique franco-belge. Des costumes documentés aux caravelles détaillées, des dialogues ciselés aux réactions crédibles des personnages, des mœurs parfois rudes à l’organisation sociale de l’époque, des choix de mise en scène à la logique du découpage, jamais rien n’était laissé au hasard. Très logiquement, les 5 tomes de la série mère (très récemment complétés par un second cycle en diptyque) resplendissent de mille qualités et sont devenus cultes. Pour percer à jour les secrets de conception d’un tel monument du patrimoine bédéphile, l’historien Michel Thiébaud s’est ici livré à une étude didactique poussée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ne vous y trompez pas : François Bourgeon ne vient pas de réaliser un 8e opus de sa série culte, Les passagers du vent. L’ouvrage ici publié par les éditions 12bis n’est d’ailleurs pas une bande dessinée à proprement parler, mais un ouvrage d’analyses sur le travail historique exceptionnel réalisé par l’auteur. En tant que spécialiste de la représentation de l’Histoire par l’image, l’universitaire Michel Thiébaud s’est naturellement intéressé à l’œuvre phare de Bourgeon, tout simplement parce que dans le registre, elle constitue un travail exemplaire, de stakhanoviste. Il ne s’agit pas non plus précisément d’un « making of », dans le sens où Michel Thiébaud n’a pas assisté et enquêté durant la réalisation des albums : il n’en a découvert les grandes qualités que bien après, sur les étales de son libraire. Sur plus de 100 pages, illustrées par des extraits de la pentalogie originelle, Thiébaud décrypte, commente, étaye et complète le processus créatif à l’aide de moult documents : plans des bateaux, maquettes, croquis, photos, plans, crayonnés préparatoires… Les nombreux entretiens avec Bourgeon lui-même, garantissent au lecteur le strict respect des intentions, des choix et des sources. Evidemment, cette annexe extrêmement riche intéressera avant tout les fans de la série, voire les experts du XVIIe siècle. Mais ils sont nombreux, et vu le niveau à la fois de l’œuvre originale et de cette étude rigoureuse, ils vont s’en délecter. Bref, c’est aussi passionnant et exténuant (sic) qu’un musée, selon qu’on est sensible au sujet ou non.