L'histoire :
Au cœur de la guerre de sécession, Zabo Murrait, fille d’un riche planteur confédéré, a vu sa famille décimée et sa propriété ravagée par les yankees. Escortée par Quentin, un français éduqué, elle a donc quitté la Nouvelle Orléans pour s’enfoncer jusque Lalanette, une propriété de famille nichée au fin fond du bayou louisianais, encore habitée par sa grand-mère Isabeau, quasi-centenaire. Là-bas, dans une région qui semble épargnée par la guerre, Isa a entrepris de lui raconter sa jeunesse, pour lui faire comprendre ses origines : en tant que fille de confédéré, Zabo n’est a priori pas vraiment d’éducation abolitionniste. Isa lui raconte qu’elle a jadis été violée en groupe, lors d’une révolte de nègre, au pied d’un arbre vénéré par les esclaves, le Bois Caïman. Quelques mois plus tard, une petite-fille naissait… et il lui fallait inventer un lien de parenté plus digne que la vérité. La fillette serait donc la « fille de son frère et d’une créole », et elle se ferait appeler Mamisa et non Maman. Isa habitait alors en compagnie de Jean Murrait, un vieil homme riche, affable et instruit, tombé amoureux de son talent de peintre… pour ne pas dire plus. Tandis qu’une nourrice créole s’occupait de la petite, Isa vivait de ses œuvres, sa familiarisait avec la région et entreprenait de bâtir une cabane sur pilotis en aval du bayou Maringouin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quatre mois à peine après la publication du tome 6.1, François Bourgeon nous gratifie déjà de la suite (et fin !) de l’une des plus célèbres sagas historiques du 9e art, par l’entremise des éditions 12bis. Ce diptyque supplétif est un immense bonheur pour les lecteurs qui ont apprécié l’œuvre initiale en 5 tomes : à tous points de vue, Bourgeon est resté un auteur très exigeant envers lui-même et le résultat décuple nos attentes. Le fond de l’histoire est passionnant, le rythme impeccable, les dialogues exquis et le dessin réaliste soigné à l’extrême. En artisan minutieux et documenté, Bourgeon livre des planches sublimes, dont les encrages d’origine (les versions non colorisé) auraient tendance à se rapprocher de plus en plus des belles illustrations détaillées d’époque (qu’on trouve encore aujourd’hui sous forme de lithographies). Dans ce second volet, comptant 64 planches, on retrouve l’héroïne Isa, quasi-centenaire, qui raconte sa vie tumultueuse à sa petite-fille Zabo, lui inculquant par là-même quelques préceptes humanistes nécessaires. Le récit alterne donc logiquement deux époques, et accorde par-là même un double sens au titre « La petite fille Bois-Caïman ». L’introduction et la conclusion se déroulent au présent, durant la guerre de sécession (1863), mettant en scène le passage de témoin entre Isa et Zabo (deux diminutifs pour un même prénom). Le cœur du récit n’est alors qu’un long flashback de ces souvenirs, au passé (entre 1792 et 1797), revenant sur la vie compliquée d’Isa, ses années dans le bayou sauvage, en compagnie de sa fille, des autochtones et de Jean Murrait, aboutissant au pire drame de sa vie. Gloups… Le final de ce magnifique récit nous tenaille comme peu savent le faire. Un double album indispensable… pour compléter un must !
