L'histoire :
La Marie-Caroline arrive en vue du tropique du Capricorne et du royaume de Juda – actuel Ouidah. A bord, l’équipage a organisé une petite mascarade afin de baptiser les nouveaux navigants. Un matelot grimé en dieu Neptune, couronné d’une couronne et armé d’un trident, interroge le capitaine : qui sont ceux parmi ses hommes qui traversent son empire pour la première fois ? Le jeune François Vignebelle, Mary et Isabeau récoltent pour la peine un plein seau d’eau ! Point désagréable ma foi car la température monte sur le pont. Le navire s’approche des côtes africaines. D’abord il fait escale à Sao Jorge Damina, comptoir portugais. Ensuite, nos compagnons rejoindront le royaume de Judas où la France a un fort. On y négociera le « bois d’ébène » nécessaire au commerce aux Caraïbes. Nous sommes en 1780 et la question de l’esclavage, soulevée par des mouvements abolitionnistes, fait débat. Jeune femme affranchie désormais d’un destin qui n’était pas le sien, Isabeau dénonce ouvertement une barbarie d’un autre âge. Bien sûr, son avis n’est pas partagé par tous, loin s’en faut. Hoel pense d’ailleurs qu’elle a tord de faire ainsi part de ses états d’âme. Cela pourrait lui valoir des inimitiés (…). Enfin on atteint Judas. Des nègres en pirogues aident le commandement de la Marie-Caroline et ses passagers a débarqué sur la plage. Une marche les attend à présent pour gagner le fort Saint-Louis de Juda, en retrait dans les terres. Là, le directeur du fort, Olivier de Montaguère, et un certain Estienne de Viaroux les accueille : l’homme paraît détestable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Changement de décor, changement d’ambiance : Les passagers du vent font halte en Afrique – étape obligée du commerce triangulaire avant les Amériques. François Bourgeon entre dans le vif d’un sujet qui soutiendra l’intrigue jusqu’à sa fin (provisoire désormais puisqu’un tome 6 est annoncé) : celui de l’esclavage. Le « code noir », ordonnance datant de 1687 définissait le statut de l’esclave. A la veille de la Révolution, encouragés par les Lumières, des mouvements abolitionnistes naissent et se font entendre. François Bourgeon exploite à merveille le contexte historique de l’œuvre et l’on comprend mieux maintenant les raisons de son choix. Côté fiction, les personnages continuent d’évoluer et l’environnement africain joue à plein. Ainsi, la (prétendue) magie exotique vaudou – fascinante d’un strict point de vue de rationalistes cartésiens et chrétiens européens – menace la vie d’Hoel. John perd les pédales et Mary se détourne de lui pour le jeune François. Le détestable Estienne de Viaroux s’est mise en tête d’avoir Isa. Le « Roi » entre en scène. Où l’on fait connaissance aussi avec le félin Aouan appelé à jouer un grand rôle auprès de Isa – et dans l’image du nègre (selon l’expression de l’époque) que souhaite donner Bourgeon… Un tome riche donc, comme chaque fois sur la série. Jamais enfin l’artiste n’avait jusqu’alors autant joué avec la sensualité des ses héroïnes : un charme supplémentaire au titre. Divertissant, exotique, didactique, passionnant, etc. Les passagers du vent est un MUST franco-belge qu’il faut avoir lu et possédé. Si cela n’était le cas, les éditions 12BIS vous offre une session de rattrapage. A suivre dans L’heure du serpent…