L'histoire :
A l’aube d’un jour sombre, le jeune viking Harding vient lâchement de venir à bout du vieux Gunnulf, sorcier et meneur de loups. Avant d’être achevé et immolé dans son drakkar, Gunnulf, transpercé de plusieurs flèches, prévient son assassin : il ne faut surtout pas qu’il endosse la peau du versipelle. Harding n’a pas le pouvoir de l’utiliser, il va forcément semer la terreur. Mais Harding n’est mu que par cet objectif et n’a cure des conseils de son rival. Or à peine a-t-il enfilé la peau de loup qu’il est saisi d’effroi et de douleur, par sa condition nouvelle. A cet instant, à quelques lieus de là, Sigurd, fils de Gunnulf, un adolescent qui peut se transformer en loup, perçoit ce qui vient de se passer. Il doit absolument récupérer la peau du versipelle sur Harding. Il va être aidé dans cet objectif par ses compères loups, mais aussi par Randi, la jeune loeknir (femme-médecine) du clan voisin, qui connait sa double nature et ses intentions pacifistes. Cependant, le reste du clan est bien décidé à venir à bout de cette créature qu’ils appellent « Ulfhednar » et qui leur file inlassablement entre les pattes. Après avoir réussi à humer l’odeur de Harding en sa hutte, Sigurd se met en chasse. Littéralement possédé par le versipelle, Harding a déjà commencé son carnage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débutons par un prérequis culturel : « Versipelle » est le nom latin donné au mythe du loup-garou (étymologiquement, « qui retourne sa peau »). La scénariste Isabelle Bauthian propose ici une variation originale et originelle autour du thème du loup-garou, campée dans la culture et l’époque des vikings, donc dans les mythes scandinaves. En ces temps rustiques, les transformations homme-animal étaient en effet plausibles et craintes ; or en la matière, le loup représentait le prédateur ultime. Le héros de ce diptyque en devenir est donc un jeune loup-garou qui cherche à récupérer la peau de loup de son père, endossée par l’assassin de ce dernier, car elle confère un puissant pouvoir transformiste, qui ne peut être supporté par n’importe quel quidam. Il sera aidé dans cette quête par une sorcière, mais aussi par un fantôme qui réclame vengeance… Le parti-pris narratif n’est pas des plus évidents, lors de la première lecture : la scénariste n’abuse pas des dialogues et laisse le lecteur déduire les faits à partir des non-dits, selon des séquences alternées sans transition. L’histoire se laisse néanmoins apprécier en profondeur lorsqu’on prend le temps de revenir en arrière. Notamment l’immersion est puissante et désarçonnante dans la mythologie viking. Preuve d’un joli boulot d’ambiance par la dessinatrice Anne-Catherine Ott, déjà compère de miss Bauthian sur Havre. Le trait semi-réaliste fin et sûr, ainsi que le découpage dynamique et cinématographique sont des atouts, les couleurs froides adaptées à ces latitudes hivernales font le reste.