L'histoire :
Elliot Friedman est un petit garçon intelligent et studieux. Son père et lui viennent d'emménager dans un quartier de Baltimore. Elliott passe tous ses moments libres à donner un coup de main à son paternel dans l'épicerie que ce dernier a ouvert. Mr Friedman est ravi de l'aide apporté, mais il oblige son fils à rencontrer d'autres enfants du quartier. Rapidement, Elliot fait la connaissance de Sixteen, avec qui il s'entend très bien... Les années passent et les gamins innocents du quartier grandissent. Ils ont désormais un petit trafic de dope. Ils rendent des comptes au patron d'un vidéo-club, Lefty. Leur quotidien change radicalement le jour où un certain Ellis One sort de prison. Celui-ci est auréolé d'une sulfureuse réputation. Il aurait survécu plusieurs fois à la chaise électrique ! Ellis One est donc de retour et il compte bien remettre la main sur son business. Dès le début, il abat Lefty et annonce à tous les dealeurs du quartier, qu'il est désormais leur patron. Elliot n'a pas peur et l'interroge, alors qu'Ellis One est en train de répartir les revenus. Les questions du fils de l'épicier ne plaisent pas vraiment à l'ancien taulard...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénariste prolixe, Aurélien Ducoudray aime explorer de nombreux registres, du drame sociétal à l'horreur. Avec The Grocery, il livre une histoire moderne et prenante, rappelant à maintes reprises l'excellente série télévisée The Wire. Le récit prend d'ailleurs place à Baltimore et nous fait suivre les destinées de nombreux personnages, bons comme mauvais. Il y a tout d'abord cette bande de copains, des adolescents qui dealent de la dope, le propriétaire d'une épicerie, un rabbin, des petites frappes, des criminels avérés et aussi un militaire revenu du front. Chaque destinée est méticuleusement pensée, Ducoudray offrant une narration claire, efficace et digne des grosses productions sur grand écran ! À mesure que l'histoire progresse, les tensions croissent, les injustices également et l'on devient véritablement accroc à The Grocery. Certaines scènes sont d'une puissance tant poétique qu'effrayante de violence. L'émulsion propre aux guerres des gangs est palpable et l'on a presque l'impression d'entendre les balles fuser. Cette intégrale de près de 450 pages est dense sans pour autant être poussive. Le découpage est habile et permet à un dessinateur incroyable de livrer des planches époustouflantes. Guillaume Singelin impose un chara-design atypique et accrocheur. Son trait fin est précis et d'une lisibilité permanente. Les choix de couleurs sont judicieux. Publiée au sein du Label 619 entre 2011 et 2016, la série The Grocery est incontournable.