L'histoire :
Depuis quelques semaines, Fernando Villa est devenu un écrivain très spécial : il rédige la nuit, durant son sommeil, sans s’en rendre compte, sur le premier support qui lui passe sous la main. Or, le résultat de cette prose somnambule est non seulement passionnant et correctement écrit, mais il s’avère également retranscrire un pan obscur de la réalité. Fernando s’en est aperçu, lorsqu’en publiant son premier polar rédigé de la sorte, une histoire de meurtre sordide, il a du affronter le psychopathe lui-même, qui se présentait pour lui régler son compte ! Fernando a alors du « solutionner » la chose par lui-même, tandis que son bouquin explosait le box-office. Aujourd’hui, tout est presque rentré dans l’ordre : il a juste un nez cassé et les crises de somnambulisme créatrices qui continuent. Il ne les impute plus vraiment à l’herbe chilienne qu’il a fumée en compagnie d’un ami, car il n’a plus rien consommé depuis longtemps. Or, il découvre au réveil qu’il écrit à présent sur Wanda, à la première personne… Il en déduit qu’il est arrivé quelque chose de grave à son amie prostituée. Chaque matin, il découvre avec angoisse, sur des feuilles en désordre, le récit progressif des soucis de cette dernière, et décide de partir à sa recherche le jour, pour lui venir en aide. Il se pointe ainsi sans scrupule dans le bureau d’un proxénète, le dangereux Bernie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers le talent parapsychologique de Fernando, le scénariste Alexis Robin a assurément trouvé un chouette concept de série au long cours. Borderline lui permet en effet de livrer des récits complets et différents, offrant néanmoins chacun au héros de progresser dans la maîtrise de ses facultés. Le principe est efficace : durant des crises de somnambulisme, dans un état inconscient et divinatoire, Fernando couche par écrit le récit d’une funeste réalité. Cette capacité, géniale et maudite, le transforme malgré lui en profiler médiumnique ! Dans ce second tome, le focus est porté sur le personnage de Wanda, la prostituée sympa du premier tome. Or, si l’inconscient de Fernando – toujours sosie de Jean Reno – écrit sur elle, c’est qu’il lui est forcément arrivé quelque chose de grave… « Les médiums (…) c’est avec les morts qu’ils communiquent ». A la suite de son héros, le scénariste nous balade dans le milieu de la prostitution, de Paris jusqu’à Monte Carlo, via des investigations denses et tout à fait captivantes. En outre, lorsque Fernando n’est pas sur le terrain, le lecteur découvre sa prose prophétique, c’est à dire le récit biographique de Wanda. Ce « carnet intime d’une pute », en quelque sorte, est poignant et donne à réfléchir sur la trajectoire de ce genre de profession. Enfin, pour ne rien gâcher, Nathalie Berr met le tout en relief à l’aide d’un trait ultra-réaliste une nouvelle fois remarquable, somptueusement rehaussé de la colorisation de Christophe Lagrange. Un régal !