L'histoire :
Fernando Villa est à Valparaiso, au Chili. Il s’est mis en tête de retrouver le dealer qui lui a vendu cette herbe narcotique, la tocohuaca, qui le plonge en état de transe, parfois, durant ses heures de sommeil. Il veut comprendre ce mystère qui lui permet d’écrire ces sordides histoires, toutes authentiques, en dormant, sans s’en rendre compte. Il toque donc à la porte de ce Matias Lomûn et une voisine de palier l’informe que l’indien est en taule : il a brûlé des camions, pour revendiquer la dignité de son ethnie mapuche. En face, une jeune indienne, Gabriella, finit par lui ouvrir la porte et lui expose ce contexte politique tourmenté. A son tour, Fernando lui explique pourquoi il cherche Matias… et la jeune femme lui rit au nez. En effet, la tocohuaca est une arnaque imaginée par Matias pour vendre plus cher le cannabis, avec certes un peu d’épices dedans. Mais les transes de Fernando l’ont intriguée : elle est persuadée qu’il est le « Kumlinkan », c'est-à-dire l’élu qui aidera un jour son peuple. Elle l’emmène aussitôt pour un long périple en bus, jusqu’aux montagnes chiliennes du sud, afin que la machi (chaman) de son lof (communauté) reconnaisse (ou non) en lui le kumlinkan et lui explique ses transes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’image des deux précédents volets, ce troisième opus propose de creuser plus en amont l’origine des transes du héros Fernando (sosie de Jean Reno), tout en s’intéressant à une nouvelle problématique indépendante. Primo, pour le fil rouge, Fernando pousse donc jusqu’au Chili pour enquêter sur l’herbe qui l’aide à être si prolifique. Parallèlement, pour satisfaire à la nouvelle intrigue, il se retrouve là-bas mêlé à une lutte ethnique et se trouve la proie (évidemment) d’une nouvelle transe d’écriture. Celle-ci lui permet de mettre au jour une sordide et ancienne histoire de mœurs dans un orphelinat durant le régime de Pinochet, à laquelle étaient mêlés des officiers nazis expatriés. Cette découverte fera-t-elle avancer le schmilblick des indiens mapachus ou ses propres démons ? Le scénariste Alexis Robin sait ménager son suspens. Il brouille les pistes, faisant mine d’entamer une digression au moment pile où l’on aimerait accoucher d’une réponse, et il trouve néanmoins le moyen de retomber sur ses pattes, pour un final cohérent et satisfaisant. Exportés aux paysages montagneux du Chili, le dessin réaliste de Nathalie Berr est quant à lui toujours aussi agréable. Bref, une sympatoche petite série dotée d’un potentiel au long cours taille sa route…
