L'histoire :
Au sein du camp d’entrainement en pleine nature auquel ils participaient, sous la houlette d’un commandant aux méthodes quelque peu extrêmes, Kirill, Gennady et Katyusha ont pris la tangente. Ils ont en effet eu peur qu’Anton, le fils du commandant Ryabkhov, ne prenne au mot la contre-révolution russe au mouvement politique d’indépendance de l’Ukraine. Ils se sont sentis menacés et se sont isolés dans l’épaisse forêt, où ils s’organisent pour survivre. Ils ont fabriqué des arcs et des flèches et chassent le lapin. Katyusha tombe alors dans un piège de chasseur : elle se retrouve pendue par un pied à une corde, à deux mètres au-dessus du sol. Kirill et Gennady l’aident à se délivrer, mais ils se retrouvent aussitôt nez-à-truffe avec un ours ! Fort heureusement, cet ours est domestiqué par un ermite qui s’avère plutôt sympathique. Volkoff habite ici depuis toujours, avec son ours, baptisé Staline. Il connait bien le commandant Ryabkhov et ses méthodes : ensemble ils ont jadis monté une troupe de troubadours. Volkoff offfre le gîte et le couvert aux trois jeunes, tout en leur expliquant le contexte de sa vie. Mais Katyusha fait malaise sur malaise : elle est diabétique et a besoin d’une piqûre d’insuline…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous l’interminable et inamovible ère Poutine, tout semble possible en Russie, et surtout le n’importe quoi. Briguer un 5ème mandat présidentiel ; annexer sommairement la Crimée ; faire une croix sur l’équipage d’un sous-marin nucléaire en perdition ; dénier, parce qu’elles sont meurtrières, des actions militaires évidentes. Aussi, en immergeant une bande de jeunes à peu près « normaux » dans un « camp d’entrainement » paramilitaire en pleine nature, le scénariste Aurélien Ducoudray joue-t-il sur le terrain de tous les possibles, très pratique. Jusqu’à quel point ces jeunes sont-ils victimes d’un simulacre ? Jusqu’à quel point sont-ils en danger ? Jusqu’à quel point vont-ils devoir se surpasser pour s’en sortir ? Jusqu’à quel point est-il permis de déborder le cadre d’un camp de jeunes dans une Russie où tous les repères éducatifs et sécuritaires sont brouillés ? Ce tome 2 poursuit le chaos entrevu au premier tome, avec l’incursion d’un ours domestique et de son propriétaire, mais aussi d’une pluie de météorite et la participation à une compétition finale. Si on ne sait jamais à l’avance où Ducoudray va nous emmener – c’est le bon côté de ce scénario – on ne comprend pas bien non plus au final le propos général qu’il a voulu développer. Le scénariste aura sans cesse joué avec le flou du cadre, sans jamais aller trop loin, mais sans jamais rien dire de très consistant non plus. La dessinatrice Anlor déroule quant à elle l’agréable dessin encré dynamique et semi-réaliste qui fait sa griffe, relayé par sa propre colorisation contrastée et verdoyante.