L'histoire :
De nos jours, un bus rempli d’adolescents fait route vers une zone montagneuse et reculée de Russie. Tous ces jeunes sont volontaires pour participer au « Camp Poutine », un camp d’entrainement et de résistance en pleine nature, officiellement soutenu par le très populaire président russe. Comme pour profiter de leurs derniers instants de liberté et d’insouciance, les jeunes chantent à sa gloire dans le bus. Le chauffeur les débarque au bord d’une route sans leur donner la moindre indication. Parmi eux se trouve la belle Katyusha, qui vient pour la seconde année dans ce camp. Elle a gagné l’année précédente, mais elle a n’a pas pu bénéficier de son premier prix, la rencontre avec Poutine himself, car celui-ci a eu un empêchement au dernier moment. Le vif Kirill fait aussi connaissance avec le geek Gennady. Le commandant Ryabkhov et son fils Anton, promu au grade de lieutenant, accueillent soudain les jeunes, de manière musclée. Ils les conduisent à leur campement. Dès lors, chacune de leurs activités va être notée, et ils devront d’acquitter des corvées liées à la vie en collectivité. Pour répartir ces dernières, une course spéciale est organisée, à travers un terrain piégé. Les grands ont un bonnet enfoncé jusque devant les yeux et les petits ont les mains liées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans Un été d’enfer (chez Rue de Sèvres), la russe-américaine Véra Brosgol relate sa mésaventure d’enfance au sein d’un camp sauvage et para-militaire pour jeunes russes… Et l’on retrouve nombre similitudes dans ce Camp Poutine, cette fois tout à fait fictif, scénarisé par Aurélien Ducoudray : la perte de liberté, les brimades, les corvées, les épreuves qui tournent au cauchemar dans un petit coin de nature. Malgré ces balises identiques, Camp Poutine suit une autre intention et met le cap sur une autre finalité, qui se révèle progressivement dans son ignominie. Pour nos jeunes héros, il s’agit en effet d’un peu plus qu’un camp scout pénible : nos jeunes se retrouvent les proies d’un piège mortel, et ils vont résister de toutes leurs forces pour survivre… dans un tome 2 qui reste à venir. Ducoudray réitère donc une collaboration avec la dessinatrice Anlor, visiblement elle aussi intriguée par les mentalités slaves modernes de l’ère post-soviétique. Son dessin encré allie dynamisme et semi-réalisme, au sein d’une mise en scène parfaitement narrée et immersive. Comme clé de voûte originale à leur « rural thriller », ils s’appuient sur la personnalité de Vladimir Poutine. Honni dans nos pays européens occidentaux pour sa real-politik dénuée de sentiment, l’actuel président russe est très populaire dans son pays, qui apprécie qu’il ait rendu dignité et grandeur à la nation. Oseront-ils en faire un protagoniste à part entière dans le second volet à venir ?
