L'histoire :
En mars 1916, pendant la bataille de Verdun, le jeune capitaine de Gaulle est envoyé en première ligne par le général Pétain. Plein d’illusions et de morgue, il morigène le capitaine qu’il vient relever sur son peu de tenue. Mais une attaque allemande interrompt la discussion. De Gaulle est laissé pour mort et se réveille dans un hôpital allemand. Il est ensuite envoyé dans un camp de rétention en Lituanie, à Sczuczyn. En balade dans la prison, il s’attaque à un mortier friable dans les toilettes, mais il est repéré par un garde allemand. Du coup, il est envoyé dans un camp pour « fortes têtes », le Fort n°IX, Prinz Carl, à Ingolstadt. Il est tout de suite intégré dans le groupe auto proclamé « Escaping Club », des rois de la tentative d’évasion. Il propose alors à ses camarades de s’échapper du fort en arguant de raisons médicales. Il cherche un stratagème pendant plusieurs jours et opte finalement pour de l’acide picrique, qui donne les symptômes de la jaunisse. Il se retrouve à l’hôpital, en compagnie du capitaine Lucien Dupret, qui lui, a simulé une infection de l’oreille. Les deux compères s’entendent sur un plan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On connaît bien l’homme de l’appel du 18 juin, celui de la reconstruction de la France, le fondateur de la Vème République, le grand homme d’Etat, visionnaire pour son pays, redoutable pour ses adversaires et têtu pour ses partenaires, celui de la « Chienlit » et du « Je vous ai compris ». Au long de cette série proposée par Bamboo dans son Grand Angle, on aura certainement l’occasion de croiser cette figure connue, aimée ou détestée, mais forcément respectée, si ce n’est admirée. Mais c’est un pan méconnu de l’histoire du général que nous livre là le professeur Jean-Yves Le Naour. Docteur en histoire, spécialiste de la Grande Guerre, il a scénarisé plusieurs albums dont un one shot sur les Taxis de la Marne, déjà illustré par Claude Plumail. On a ici l’occasion de croiser un de Gaulle jeune, spécialiste de l’évasion et du mitard, un peu à la manière de Steve McQueen dans La Grande Evasion mais, comment dire, en plus raide. En effet, dès son jeune âge, le capitaine de Gaulle choque ses camarades d’emprisonnement en réclamant le vouvoiement dans une bande où le tutoiement est de mise, et qui l’accueille à bras ouverts. Il ne se départit jamais ni de son flegme, ni d’une certaine arrogance. Le portrait qu’en dressent Le Naour et Plumail est fascinant, le discours est clair, simple (c’est suffisamment rare dans la bédé historique) et efficace. La ligne claire de Plumail donne une grande lisibilité, très agréable, au propos. Le tout se lit avec plaisir, cette biographie est lancée sur les chapeaux de roue !