L'histoire :
A Alger, le 3 juin 1944, de Gaulle doute. Il sent que les Alliés veulent faire sans lui et son gros caractère. C’est un indésirable, notamment pour Roosevelt, qui souhaite s’appuyer sur l’administration « officielle » de Vichy pour effectuer la transition. Le général annonce que le Comité National de Libération de la France change désormais son nom en Gouvernement Provisoire de la République Française. Il refuse de laisser Roosevelt considérer la France comme un pays vaincu, et les Etats-Unis prendre la place de l’Allemagne pour une phase d’occupation. A quelques jours de ce qu’il pressent être le débarquement, les relations sont tendues avec Winston Churchill, qui le reçoit le 4 juin dans son train qui lui sert de quartier général, à Portsmouth, pour lui apprendre que le débarquement aura lieu le lendemain, et que les américains ont déjà imprimé des francs pour pouvoir se payer à leur arrivée. Le général est furieux, mais les ponts ne sont pas rompus avec les anglais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Histoire n’est pas un fil tendu, droit et solide, sur lequel marche l’humanité. C’est plutôt une pelote que les historiens ont pour but de démêler sans cesse pour faire connaître les méandres de la marche humaine. Ici, Jean-Yves Le Naour nous donne à vivre les dessous du débarquement. C’est un événement qu’on apprend à l’école, dont on reparle chaque année et qui semble aujourd’hui faire l’objet d’un consensus. La réalité a été beaucoup plus complexe, et Le Naour nous montre comme le général de Gaulle a dû s’employer, s’énerver, se battre et user de toute sa stratégie pour imposer que la France soit reconnue comme pays vainqueur… La tension dégagée par les discussions entre le général et Churchill grandit encore entre ces deux hommes, si c’était encore possible. Deux monstres qui tentent de s’imposer, mais savent faire des concessions intelligentes. Comme lors des premiers tomes, la ligne claire de Claude Plumail donne vie à un récit complexe. Précis et clair, son trait permet de se concentrer sur la narration, et le séquençage est intelligent et efficace. Les parties sans texte ont été magnifiquement travaillées et parlent d’elles-mêmes avec force. Cette histoire achève bien la trilogie initiale, celle de l’homme du 18 juin, la transformation du grand soldat en grand homme d’Etat. Une suite pourrait être intéressante, mais la puissance narrative due à la situation de guerre ne se sentirait plus et rendrait plus difficile la trame. Alors, stop ou encore ?