L'histoire :
Mai 68, de Gaulle s’ennuie. Son fidèle Flohic l’informe des évènements à la Sorbonne. De Gaulle, heureux que ça bouge enfin, raconte comment en 1958 il a réussi à se servir du chaos orchestré par les généraux en Algérie pour reprendre le pouvoir. Mais Flohic ne peut l’écouter. Alors il raconte à Yvonne l’appel de Massu. Mais elle aussi a mieux à faire, et même leur chat ne veut pas l’écouter. A 22h, le général va se coucher, mais Paris flambe toute la nuit. Il est réveillé à 5h30 par Joxe, car il y a eu beaucoup de débats et de nombreuses arrestations pendant la nuit, mais aucun mort. De Gaulle reproche à ses proches de ne pas avoir été assez « offensifs » dès le début, d’avoir laissé se développer la contestation. Le ministre des armées annonce qu’il a mobilisé les parachutistes au cas où cela serait nécessaire. Cela remémore à de Gaulle comment, en 1958, il avait roulé les paras qui voulaient s’emparer de la capitale. Alors qu’il doit aller chercher Pompidou qui rentre d’Afghanistan, de Gaulle apprend que la CGT a appelé à la grève générale. Une situation qu’il ne comprend pas est en train de lui échapper…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec un de Gaulle jeune, déjà impétueux et imbus de sa personne dans le premier tome, Jean-Yves Le Naour et Charles Plumail avaient tapé fort, tant cette facette de Mongénéral était inconnue. Mais plus on avance dans le temps, plus il est difficile d’être original, tant la vie de de Gaulle fait partie intégrante de celle des français. Le parti-pris de Le Naour est de faire un parallèle entre deux coups d’Etat du grand Charles, celui de 1958 et celui de 1968. Même si le vieil homme ne comprend plus rien au monde qui l’entoure, il a encore ce dernier tour dans son sac : c’est la disparition à Baden-Baden. En ce cinquantenaire de mai 68, on a droit à l’autre face de la révolution, celle vécue par le dernier rempart à la Chienlit. Son objectif : résister à la pagaille, et ce n’est pas facile, tant Le Naour le dépeint en vieux radoteur ridicule que plus personne ne prend au sérieux. Alors que dix ans auparavant, c’était encore un magicien de la communication, il s’enferre, il s’enferme et sent bien qu’il est dépassé. Mais il lui reste encore un coup de génie, et c’est aussi celui de Le Naour, de montrer de quelle manière le grand homme d’Etat a su puiser dans ses réserves. Alors que le récit est un peu complexe et assez lourd au début, il devient de plus en plus drôle et jouissif à mesure que le scénario nous livre ses ficelles. Le dessin de Plumail, réaliste, est toujours très beau mais ses portraits sont assez peu ressemblants et on force à reconnaître les grandes figures du passé. Qu’importe, peu à peu la magie opère et on finit par aimer ce de Gaulle primesautier qui arrivera à rebondir une dernière fois. C’est une nouvelle belle réussite pour le duo, même si l’album est peut-être un peu moins bon que ses prédécesseurs.