L'histoire :
Un homme masqué en combinaison étanche pénètre dans un appartement. Il y fait diverses petites installations et notamment, injecte une drogue dans une bouteille de lait du frigo. Le soir même, Makkal Nadaïev, conducteur de locomotives de professions, rentre chez lui. Tout en répondant au coup de fil de son frère, il se verse un verre de lait et… s’endort aussitôt. Quand il se réveille, il ne se sent pas très bien et découvre ses vêtements maculés de sang. Avec effroi et stupeur, il en comprend rapidement l’origine. Il a deux cicatrices, une sur le front, une autre sur l’abdomen : il a été opéré à son insu. Pire, il se met à entendre une petite voix dans sa tête ! Son mystérieux tortionnaire l’informe : il verra tout ce que voit Makkal, grâce à l‘implant d’une caméra, et s’il n’accomplit pas à la lettre un plan bien établi qui va lui être dicté, celui-ci lui fera exploser la bombe miniature qu’il lui a implanté dans le ventre ! Pour preuve de cette menace, l’inconnu fait exploser une petite bombe située dans l’aquarium de Makkal. Makkal file aussitôt à l’hôpital… mais l’inconnu a tout prévu : la procédure de sécurité en cas de déminage est supérieure à 12 heures. La petite voix lui intime l’ordre de téléphoner à Bernard Stern, l’un des pontes de la SNCF. Makka l’inquiète alors concernant le prototype d’une locomotive révolutionnaire, gardée secrète. Car à l’aide de cet engin, la SNCF tente justement de remporter un colossal marché : celui du fret transcontinental entre la France et la Chine. S’ensuit une véritable course contre la montre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’attrait pour les trains et les rails trouve-t-il ses origines dans les circuits de notre enfance ? Toujours est-il que Traffic, nouvelle série de la collection Focus prévue en 5 one-shot autonomes, table sur le concept original de la fascination pour l’univers ferroviaire. Elaborée par Alexis Robin, l’intrigue sait d’emblée nous accrocher par une prise en otage croustillante : une bombe, un récepteur et une caméra inoculés dans le corps, le héros se livre à une course-poursuite haletante, dont on cerne progressivement l’enjeu. Avec ce genre d’amorce – limite réaliste, mais drôlement habile – Robin se place dans la même veine narrative qu’un autre scénariste es-thriller, Joël Callède. Dès lors, à l’exception de la poursuite sur le toit d’un wagon en marche, le héros passe par toutes les situations borderline imposées par le sujet : le passage in extremis devant un train, la collision train-voiture, le train loupé en bout de quai, la course en bagnole pour choper un train à un arrêt… Le contexte du marché est également très bien documenté : les sociétés ferroviaires européennes se livrent effectivement actuellement à une rivalité concernant le transport du fret entre la Chine et l’Europe (3 fois plus rapide que les porte-containers maritimes). Au sein d’un découpage extrêmement dense (beaucoup de cases par planches) et une utilisation documentée des décors (gares, quais, intérieurs et extérieurs des TGV et TER), le dessinateur Malo Kerfriden livre une partition réaliste correcte, à base de traits ciselés, quoique manquant un peu de personnalité. A noter : l’illustre Jean Giraud signe la couverture (et signera toutes les couvertures de la série), ce qui n’est pas le moindre des atouts. Bien qu’efficient, le dénouement nous laisse un peu sur notre faim… mais patience, ce n’est qu’une fin de cycle. Un axe éditorial original, un titre né d’un concours, un teaser de 8 planches, un casting d’auteurs en vogue, une intrigue à 574 Km/h (la vitesse record du TGV) : top départ réussi pour un concept novateur à suivre…