L'histoire :
En 1954, Aristote Onasis est emprisonné à Rikers Island. L’état américain lui reproche une escroquerie financière, qui lui a permis d’acquérir une importante flotte de bateaux sur le dos du contribuable américain. Mais l’homme est plein de ressources : à court terme, il pactise avec ses geôliers pour jouer aux cartes avec eux ; sur le moyen terme, il engage d’excellents avocats. Contre un peu de fric, l’administration fiscale est corrompue et Onasis s’en sort avec un montage juridique tout aussi bancal… mais accepté. Son ennemi, l’autre armateur d’origine grecque Stavros Niarchos, enrage. Il avait pourtant pactisé avec Edgar Hoover, patron du FBI, pour qu’Onasis pourrisse quelques années en taule. Cela lui aurait permis de récupérer ses parts de marché sur le commerce maritime mondial. Niarchos se méfie aussi des oreilles que laisse trainer son épouse Eugénie, car elle est la sœur de Tina, l’épouse d’Onasis ! Rongés d’orgueil, les deux hommes continuent de faire fructifier leurs affaires, se livrant à une course effrénée à la puissance. Côté cœur, Onasis tombe aussi sous le charme de la diva soprano Maria Callas. Côté fric, il s’acoquine notamment avec le prince Rainier de Monaco, à qui il présente l’actrice Grace Kelly…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Des puissants d’origines grecques qui se bouffent entre eux dans les sphères du pouvoir, tout en partageant la même famille : on est bien dans une Tragédie grecque, dans le sens que l’entendaient les œuvres de Racine et de Corneille. A la grande différence de leur théâtre classique, les deux acteurs majeurs s’appellent ici Aristote Onasis et Stavros Niarchos et ils emportent dans leur sillage un microcosme de stars du showbiz et d’hommes politiques qui ont défrayé la chronique mondaine dans la seconde moitié du XXème siècle. Pour les plus jeunes qui n’auraient pas suivi les journaux people, il n’est même pas besoin de prévenir que tout cela finit systématiquement mal, puisqu’il est clairement question de tragédie. Luttes d’influence, conquêtes de la plus grande puissance, aliénation des épouses, pactes avec Hoover, Kennedy, Rainier… aboutiront à des trahisons, assassinats, accidents, déchéances, dépressions. Inspiré par son ex-profession de grand reporter, Jean-Claude Bartoll a eu une bonne inspiration : cette saga familiale chez les armateurs méritait largement deux tomes. Elle en aurait sans doute mérité même trois, si Bartoll avait pris le temps d’accorder plus d’empathie, de sens psychologique, de souffle romantique à ses personnages. Comme toujours chez ce scénariste, sa narration est très technique, presque déshumanisée et le dessin un brin rigide de Viviane Nicaise ne comble pas ces carences. Reste tout de même un diptyque didactique, qui aurait pu être palpitant…