L'histoire :
1978, dans un village africain. Dans sa classe, Mémel n’est assurément pas le meilleur en orthographe, mais il est sans doute l’un des plus appréciés de ses camarades. En effet, il vient de faire passer un petit mot (couvert de fautes) sous les tables, pour donner rendez-vous à un maximum de potes dans le terrain vague proche. Evidemment, il se fait toper par le maître, M’sieur Lamine, qui découvre avec stupeur que le garnement fait payer ses copains pour des « cours spéciaux ». Et le pire, c’est que ça marche ! D’aucun ne louperait un cours spécial de Mémel ! Dans le terrain vague, tandis que les enfants s’installent, en attendant que ça commence, il y a même sa petite sœur qui passe en tribune pour vendre du pop-corn et des caramels. Enfin, Mémel apparait en blouse blanche, avec des lunettes de savant sur le nez, et annonce le sujet du jour : il va montrer aujourd’hui à quoi ressemble un kanam de fille ! (une zezette) Sans faire mariner son auditoire, il sort de derrière son dos une noix de coco, qui a deux trous et du poil. Ses copains sont subjugués. Ils n’ont pas encore tout vu : Mémel explique que le trou du haut, c’est pour le pipi et que l’autre, c’est pour le bangala. Il joint le geste à la parole à l’aide d’une carotte. Puis il propose à Omar – çui qui a la plus grosse – de le faire en vrai. Alors que Omar s’exécute, un guetteur met tout le monde en alerte : M’sieur Lamine est sur le point d’entrer dans le terrain vague…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Grace à un financement participatif sur Sandawe, mais édités sous la bannière Bigfoot, Eric Borg et Michaël Sanlaville ont pu réaliser cette BD jeunesse, dans un registre radicalement différent de leur précédent thriller sanglant, Rocher Rouge. Ici, le lecteur est d’emblée convoqué dans un village africain de 1978 (la date est marquée au tableau), pour assister à des cours spéciaux dispensés par un garnement sacrément attachant, Mémel. Par « cours spéciaux », comprenez : cours d’éducation sexuelle fantaisiste, option accessoires graveleux. Les parents éviteront donc de confier cet album aux plus jeunes… mais pour un ado, ça passe plutôt pas mal. Car Mémel a des inspirations originales pour décrire la chose sexuelle à ses potes (la noix de coco, ça passe encore…), dans une veine plus picaresque que vulgaire. Sur ce fond léger, vient toutefois se greffer un sujet plus grave : le racket. Mais aussi une parade bourrée d’humanité pour compenser : l’amitié, qui déboule là où on ne l’attend pas. Au final, on passe un bon moment à découvrir ce divertissement fun et sans prétention. Celui-ci semble avoir été composé sur mesure pour le trait ultra dynamique et caricatural de Sanlaville. Les latitudes ensoleillées correspondent une nouvelle fois elles aussi aux couleurs vives et chaudes appréciées par le dessinateur, qui s’offre donc une récréation entre quelques épisodes de Lastman.