L'histoire :
Le 20 février 1987, Edgar P. Jacobs disparaît. Son dernier album, Les 3 formules du professeur Satō, est inachevé. Bob de Moor réalisera la suite en 1990 sur un scénario et un découpage laissés par Jacobs himself. Il faudra ensuite attendre septembre 1996, pour qu’un album original, sans le concours du créateur, voit le jour, avec Jean Van Hamme et Ted Benoît aux commandes. Le dernier en date, Le Testament de William S. est sorti fin 2016. Au final, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 12 albums signés de 9 auteurs sont venus s’ajouter aux 12 albums réalisés par Jacobs. Jacobs a laissé derrière lui un monde qui a permis aux scénaristes de mêler action et émotion, héroïsme revendiqué et obsessions diffuses. La longueur, le rythme, la dimension des histoires, le réalisme du dessin, les textes intensément longs… rien ne ressemble aux BD d’aujourd’hui. C’est un univers en tant que tel où le classicisme est omniprésent. Comme James Bond, Sherlock Holmes et demain probablement Harry Potter. Les fidèles lecteurs s’y attachent et les nouveaux se laissent happer par l’intrigue et le trait suranné !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
N’en déplaise aux exégétiques, Blake et Mortimer a brillamment passé le cap des décennies avec brio. C’est d’ailleurs Jean Van Hamme, scénariste star de Thorgal, Largo Winch et Ted Benoit, le maître de la nouvelle ligne claire, qui ont commencé les hostilités avec L’Affaire Francis Blake puis l’Étrange rendez-vous. D’autres suivront… Chaque scénariste nous fait pénétrer dans l’antichambre de sa création, pages de textes à l’appui, de « son » Blake et Mortimer, tout en respectant les codes de Jacobs. Un exercice pas évident, mais un défi pour chacun, qui voit ici l’occasion de faire bien plus qu’un hommage, une création originale. Chaque dessinateur nous invite dans son antre graphique avec des esquisses, des crayonnés, des planches encrées, des couvertures. Soulignons au passage la très belle et émouvante interview de Chantal de Spiegeleer qui a repris la suite de son défunt compagnon René Sterne sur La Malédiction des trente deniers. A noter aussi, une planche originale et un dessin de Flo’ch. Ce grand fan de la série s’est amusé comme un fou à les réaliser, bien que sachant pertinemment qu’il ne dessinerait jamais un album. De toute évidence, Blake et Mortimer inspire les auteurs, même ceux que l’on attendait pas.