L'histoire :
Le 3 février 1929, une femme est égorgée de nuit, dans une rue enneigée de Düsseldorf. Cinq jours plus tard, c’est le tour d’une fillette d’être violée, éventrée et mutilée… puis un ouvrier retrouvé poinçonné de 21 coups de couteaux, quasi décapité. Deux autres femmes tomberont encore sous les coups de celui que la presse surnomme « le vampire » – car à ce qu’il parait, il goûterait le sang de ses victimes – avant que la police n’arrête l’employé d’une librairie, Johann Strausberg. L’homme avoue rapidement et demande châtiment. La police exulte, la population est rassérénée… mais les meurtres reprennent en juillet, avec toujours la même violence. Strausberg finira ses jours en hôpital psychiatrique. Le serial killer varie alors les plaisirs, en envoyant tantôt des petits poèmes aux journalistes, racontant tantôt par téléphone les détails sordides de ses crimes aux familles… Et il continue avec la même assiduité de collectionner les meurtres, se déchainant même par une nuit caniculaire d’août, durant laquelle il fait 3 victimes. Le peuple en appelle à la démission des policiers. Les communistes dénoncent les ennemis nazis et réciproquement. Berlin envoie alors 200 policiers à Düsseldorf…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la frontière du biopic et du polar, cette croustillante série s’intéressant aux exactions des tueurs en série est un peu l’alter-ego chez Casterman de la collection Serial killer de chez Soleil. Après notre franchouillard Docteur Petiot (tome 1), le scénariste Rodolphe traverse le Rhin, dans la société allemande exsangue de l’entre-deux-guerres, pour focaliser sur un sadique, violeur et meurtrier multirécidiviste : le vampire de Düsseldorf. Avec un appétit immodéré pour l’hémoglobine, un palmarès d’une trentaine de victimes (9 prouvées) et pas le moindre remord, le personnage de Peter Kürten était tellement ignoble qu’il inspira Fritz Lang pour la création de son M le maudit. Rodolphe débute d’ailleurs son récit par un hommage à une œuvre de cinéma très proche, le Nosferatu de Murnau (1922). Le cœur de l’intrigue est ensuite aussi convenue que professionnelle : on suit le tueur durant une grosse partie de récit dans quelques uns de ses nombreux crimes et durant tout ce temps, la police piétine ; évidemment, les flics finissent un beau jour par le choper, s’ensuit un procès et la condamnation. Classique, efficace, mais sans surprise. L’atout de l’album se trouve alors dans la peinture de la société allemande de la fin des années 20, en pleine crise (le parti nazi est en pleine croissance). Le dessin réaliste de Jeanne Puchol met d’ailleurs impeccablement en relief cette époque et constitue un second atout au titre.