L'histoire :
Le Tueur vient de recevoir la confirmation de Haywood que sa dernière victime était bien un agent de la CIA. Celui que Mariano a voulu éliminer pour des raisons d'ambitions politiques rivales était bien plus qu'un jeune homme de bonne famille diplômé de Yale. Dès lors, la situation se complique. Les services secrets américains vont probablement vouloir connaître les responsables du meurtre. Mariano, devenu accro à la coke, commence à présenter un risque important pour les trois associés de la Petroleo Futuro Internacional. Le Vice-Ministre risque d'être menacé à la fois par de potentielles représailles américaines, et par la fureur de son boss, parrain de la pègre colombienne. L'entretien que le Tueur va avoir avec Mariano à Bogota est crucial. Son partenaire ne lui parait plus digne de confiance, refusant d'admettre la situation critique qu'il vient de générer. Dès lors, le Tueur part se mettre au vert, retrouve sa femme et son fils pour des vacances en bateau dans les Caraïbes. Mais les premier signes d'une situation anormale vont se manifester lors d'une balade à Fort de France. Le danger est là, plus près que jamais de ceux auxquels le tueur à gages tient le plus au monde.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débuté avec le tome précédent, ce troisième cycle pourrait bien être celui des grands retournements. Après l'épopée business qui a vu le Tueur devenir l'employé très spécial d'une multinationale du pétrole, les auteurs semblent vouloir nous emmener vers un durcissement de la menace autour de lui. Une sorte de chasse à l'homme qui s'inverserait, pour la première fois de manière réellement menaçante. Le personnage se durcit alors de manière spectaculaire, son cynisme détaché devenant parfois une violence brute et personnelle. Au scénario, Matz construit des scènes d'une dureté froide, illustrées presque sans dialogues par un Luc Jacamon qui fait jaillir l'hémoglobine sans retenue. Il est étonnant de constater l'impact cru de ces images lorsque la voix-off de notre personnage se tait, un choc pour le lecteur qui croyait avoir une sorte de lien de proximité avec cet anti-héros atypique. Cet album constitue, de ce fait, dans son contenu comme dans sa progression, une sorte de transition dans le cycle d'aventures du personnage. En se concluant sur un événement choc, il laisse présager une montée en tension inexorable pour cette séquence mature et dure de la carrière du Tueur. Le style graphique de Jacamon reste un élément clé de l'esprit de cette série, comme lorsqu'il choisit de vêtir la victime d'un bain de sang d'une très décalée chemise verte à fleurs blanches. Par son débordement d'énergie visuelle, il porte à bout de bras un album conçu pour marquer une étape.