L'histoire :
Le Tueur vient d'entrer dans l'équipe dirigeante d'une société d'exploitation pétrolière, en compagnie de Mariano le trafiquant de drogue colombien, et de Haywood, l'ancien agent de la CIA devenu pro cubain. Un étrange trio en marge de toutes les lois qui voit néanmoins un double avantage à cette reconversion inattendue. D'une part, l'argent accumulé dans le trafic va trouver une destination a priori fructueuse sur un gisement massif au large des côtes cubaines. D'autre part, il va permettre aux dirigeants cubains de valoriser cette richesse inespérée, sans avoir recours aux pays « amis » comme la Chine qui utilisent la rivalité de l'île avec les Etats-Unis. Ce soutien à Cuba ne laisse pas le Tueur insensible, aidé par les relations très intimes qu'il entretient avec Katia, la belle cubaine à l'origine de ses dernières missions. Mais la reconversion dans un business « régulier » ne va pas mettre les trois complices à l'abri d'opérations violentes. Des forces se mobilisent du coté de la Floride et de ses exilés cubains pour attaquer la plateforme de production, tandis que les hommes politiques proches des USA contestent avec virulence la régularité de cette nouvelle entreprise, tout en tentant de saborder ses soutiens politiques, Cubains ou Vénézuéliens. C'est donc à Miami que le Tueur va accomplir sa nouvelle mission...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second cycle des aventures de notre Tueur philosophe tient ses promesses, tout en élargissant quelque peu ses horizons et tout en évitant la routine. Les réflexions désabusées qui accompagnent le personnage dans ses missions restent des morceaux de bravoure tout à fait captivants. Sa vision du monde très noire est souvent accompagnée de faits réels qui font froid dans le dos, et qui reflètent une sorte de souci pédagogique du scénariste Matz, visiblement féru d'histoire contemporaine. Cela dit, les réflexions de cet homme de l'ombre sont de plus en plus sombres et cyniques, dénonçant au-delà des dynamiques de la politique internationale, l'ensemble des citoyens lambda qui se contentent de vivre dans le système tel qu'il est. On franchit alors un cap dans la dureté du propos, qui nous éloigne mécaniquement, simples lecteurs que nous sommes, du héros de cette série. Avec lui, nous avions pourtant tissé une étrange et malsaine proximité... Mais la cohérence est là, et la force de cette longue intrigue est indéniable. Pour ce qui est de ce seul tome 10, il n'est pas le plus fascinant dans ses scènes d'action. Le monde de l'entreprise forçant tout de même le narrateur à des explications un tant soit peu appuyées. Même le dessinateur Luc Jacamon se trouve dans ce volume quelque peu assagi, coincé par ses scènes de bureau ou de terrasses de café. Mais lorsque dans les rues de Paris, le Tueur fait une rencontre absolument inattendue, on devine que Matz vient d'ouvrir la porte au troisième cycle de la série. Et son portrait en pied, debout dans une rivière au cœur de la forêt Vénézuélienne, clot l'album de superbe manière. Alors à bientôt, Tueur !