L'histoire :
Début des années 50. Lefranc est en reportage à Tokyo, un pays meurtri par les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki et toujours occupé par les forces américaines après la défaite de 1945. Il est accueilli sur place par Asako Katsura, attachée culturelle du Palais Impérial. Or sa mission tourne court. Il est en effet témoin d’un vol au musée de l’Empereur. Malgré son intervention, un groupe de voleurs s’empare de l’armure de guerre du Dernier Shogun. Mais l’un d’eux est capturé et se fait seppuku (le suicide rituel et millénaire des guerriers japonais) sous ses yeux. L’objet du vol a une grande portée symbolique, car il s’agit de l’armure du clan Tokugawa, soumis par l’Empereur à la fin du XIXème siècle. Humilié, ce clan de la vieille aristocratie des samouraïs rêve de reprendre le combat, surtout depuis que l’Empereur a capitulé à son tour devant les Américains. L’armure pourrait être le déclic qu’ils attendent. Dans leur entreprise machiavélique, ils sont aidés par des nazis rescapés de la Seconde Guerre mondiale et galvanisés eux aussi par le désir de revanche. Lefranc doit faire face à un ennemi de taille, qui en plus possède une arme secrète encore plus dévastatrice que la bombe H…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis que le regretté Jacques Martin (mort en 2010) a passé la main, plusieurs auteurs font perdurer la franchise Lefranc, alternant le bon (Le maître de l’atome, Noël noir…) et le moins bon (Les enfants du bunker, La momie bleue…). Avec L’éternel shogun, on se situe dans la moyenne. Le scénario signé Thierry Robberecht manque singulièrement d’originalité et donne une impression de déjà-vu. Ici encore, une nouvelle menace plane sur l’équilibre de la planète (comme dans Londres en péril), avec une arme de destruction massive. L’histoire est cousue de fil blanc. Les rebondissements manquent de surprise. Le méchant est encore une fois l’homonyme d’un grand champion de tennis. Le dénouement est attendu. Il faut souligner ici le parti-pris du scénariste de rendre l’histoire plus fluide grâce à des textes moins longs. Le dessin de Régric (déjà auteur de Noël noir) respecte scrupuleusement la charte Jacques Martin : un trait détaillé, documenté et rigide (mis en couleur par Bruno Wesel), des cadrages classiques… A noter quand même la séquence d’ouverture particulièrement réussie, évoquant les bombardements américains tragiques pour la population. Il est temps que Lefranc passe à l’Euro pour apporter un nouveau souffle à la franchise !