L'histoire :
Sous un nom d’emprunt, le journaliste Lefranc a un rendez-vous secret dans la cave d’une librairie de Prague. Là, en compagnie de Mister Cunningham du MI5 anglais, il règle les derniers détails de la mission d’infiltration qu’on réclame de lui. En effet, Cunningham a fait appel à son allié qui a sauvé Londres (cf. le T19) en lui expliquant le nouveau péril international que représentent les nazis en fuite. Ces derniers se sont en effet réfugiés en Antarctique, dans une base souterraine secrètement édifiée depuis 1936. Là-bas, en Nouvelle Souabe, ils sont en train de mettre au point des engins volants « Haunebu », qui ont la forme de soucoupes volantes. Il est demandé à Lefranc de se faire passer pour un pilote allemand en fuite, recruté pour piloter ces engins. Affublé de grosses lunettes, la ressemblance est frappante. Les plans se déroulent comme prévu : Lefranc se retrouve enlevé, puis convoyé via le Chili en zeppelin jusqu’en Antarctique. A bord, on lui présente la sexy astrophysicienne Angermuller, le professeur Brugman, spécialiste en deutérium, et le général Von Leers, qui ressemble à une vieille connaissance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous n’en croyez pas la couverture, n’est-il pas ? Et bien si : le journaliste Lefranc, héros culte de la BD franco-belge créé par feu Jacques Martin, nage ici en plein nanar grand-guignolesque d’espionnage glaciaire. Sous la fausse identité d’un pilote allemand, il infiltre une base militaro-scientifique nazie oubliée sur le continent Antarctique par les vainqueurs de la guerre, afin de leur chouraver la soucoupe volante révolutionnaire que ces derniers sont en train de construire en masse (pour conquérir le monde). C’est tellement énorme et invraisemblable que lui-même reste dubitatif lorsqu’on lui explique la situation. Le mythe des OVNI du IIIème Reich construits en Antarctique est néanmoins bien réel : il est apparu dans les années 50 pour rassurer les néonazis sur la survivance du Reich. Le scénariste François Corteggiani ne fait ici que dérouler stricto-sensu ce fantasme pour QI limités, que démantèle le fringant Lefranc avec force coups d’éclats, évasions, mitraillages, explosions… Il fait même un temps alliance avec son ennemi de toujours, Axel Borg, pour la première fois rasé de sa barbe (!), mais indécrottablement toujours attiré par les velléités mégalomaniaques. Pour que le casting soit complet, signalons aussi la présence fugace et inutile de l’inspecteur Renard (2 pages au début) et de Jeanjean (dernière page). Greffée sur cette trame de série Z, l’aventure reste néanmoins correctement construite sur le plan narratif et joue habilement de références pour faire passer la pilule. Elle se laissera d’autant mieux apprécier par les collectionneurs de la série que le dessin de Christophe Alvès se place parmi les plus chiadés et fidèles à la ligne jacquesmartinienne. Le décorum de la base et des vaisseaux est notamment très réussi et comblera pleinement les amateurs de complots ufologiques.