L'histoire :
A Paris, en 1932, Blemia Borowitz, un jeune reporter photographe franco-hongrois boiteux, entre dans un bar. Après une brève altercation avec des partisans d’extrême droite, il aborde un homme attablé. Il s’agit d’Ettore Bugatti, père de la lignée éponyme de voitures. Boro lui montre une photo prise l’après-midi même : la Bugatti Royale, en panne, au bois de Boulogne. Avec un certain culot, il monnaye ce cliché honteux contre un petit service : il demande à être conduit dans ce véhicule de luxe, jusqu’à Berlin. Un sourire au bord des lèvres, Bugatti accepte et met à sa disposition son propre chauffeur, un Africain nommé Scipion. Voyage faisant, les deux hommes sympathisent. Boro explique que l’objet de l’excursion est de retrouver sa cousine, la belle Maryika Vremler, qu’il n’a pas vue depuis 5 ans, et dont il est toujours amoureux. Entre temps, Maryika est devenue une actrice célèbre du cinéma allemand. Elle doit notamment être présente pour la première de son nouveau film, le lendemain soir à Munich. Dès l’arrivée de Scipion et Boro dans cette ville où s’affichent les croix gammées, les deux hommes s’affranchissent des usages avec une certaine impertinence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir fait l’objet d’une série télé dans les années 90, voilà à présent le roman de Dan Franck et de Jean Vautrin adapté en BD. Comme l’annonce l’éditeur Casterman, chaque volet de ce grand feuilleton littéraire fera l’objet d’une adaptation en trois volumes de 46 planches. Les fans de l’œuvre originale retrouveront peut-être dans ce premier épisode l’atmosphère et les personnages des romans, mais il faut reconnaître que pour le moment, l’adaptation manque un peu de relief. Elle a néanmoins le mérite de nous présenter les principaux protagonistes, Boro, Maryika et Scipion, et un cadre tourmenté, l’Allemagne à la veille du nazisme. Si la dérision dont fait preuve Boro est plutôt sympathique, le rythme est un peu « mou », et certaines séquences sonnent faux (le pugilat du début). On retrouve pourtant au générique de cette adaptation un certain Enki Bilal (pour le story-board). Mais s’il fut en son temps illustrateur des couvertures du roman, il n’en réalise pas cette version BD. Au dessin, Marc Veber, un jeune dessinateur talentueux dont c’est ici le premier album, fait montre d’un style réaliste très classique. Son trait soigné et élégant ne parvient pourtant pas à empêcher une certaine rigidité, qui restreint un peu le souffle romantique recherché. Des arrières plans détaillés et des épaisseurs de traits plus « grossiers » aux premiers plans, prouvent également un manque de spontanéité graphique. De même, quelques postures un peu bizarres lui laissent une certaine marge de progression. Vu les acquis déjà maîtrisés, nul doute que les épisodes à venir gommeront ces légères imperfections.