L'histoire :
Apprenti reporter d’origine hongroise, Blémia Borowitz, alias Boro, est de retour à Paris. Il a laissée à Berlin sa cousine Maryika Vremler, vedette en vogue pour le cinéma allemand dans ces années 30, sur le tournage de son nouveau film. Il a beau être amoureux d’elle, cela ne l’empêche pas de coucher avec la fille de sa concierge, à l’insu de cette dernière, qui le recherche pour 4 mois de loyers impayés. En journée, Boro travaille au labo photo de l’agence Fiffre, mais les chambres noires ne le passionnent guère… Il attend impatiemment de pouvoir couvrir son premier vrai reportage photo avec l’appareil moderne que lui a offert Maryika, un Leica modèle C. Ce souhait sera bientôt exhaussé : son patron passe le prendre pour se rendre à l’hôtel Rothschild : on vient d’y assassiner le président Paul Doumer ! Boro ignore encore que sur la toute première pellicule qu’il a saisie involontairement en Allemagne dans la boutique du photographe, figure un dénommé Adolph Hitler en train d’embrasser une dame ! D’ailleurs à Berlin, Mryika reçoit une visite musclée de la Gestapo, à la recherche de ces clichés. Elle parvient néanmoins à garder le secret et son intégrité, et à faire envoyer la pellicule à Paris, ignorant elle aussi ce qu’elle contient…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dan Franck poursuit ici l’adaptation scénaristique en BD de la série éponyme qu’il a créée en 1987 en compagnie de Jean Vautrin. Chaque roman de ce feuilleton littéraire fera en effet l’objet d’une trilogie. On retrouve avant tout le dessin de Marc Veber, jeune dessinateur talentueux, qui réalise des planches réalistes d’une rare élégance. Un bémol toutefois, concernant des différences de « focale » encore bien disparates : l’épaisseur des traits ne suit pas forcément la logique des premier / arrière plans. Si le découpage et le rythme sont impeccables, ce détail est symptomatique d’un recours abusif aux zooms. De même, la colorisation use beaucoup d’aplats, notamment sur les visages. Un soutien ombré ajouterait de la profondeur et mettrait peut-être en valeur la douceur du crayonné de Veber. Car bizarrement, eut égard à l’époque tourmentée (Hitler vient de se faire élire chancelier, les croix gammées fleurissent un peu partout, les incursions de la Gestapo se font communes), l’atmosphère de cette histoire est feutrée, chaleureuse… romantique puissance 10 ! Boro est un pur héros exalté, un peu dévergondé même, mais profondément humain. Séparé de Maryika, il n’en poursuit pas moins ses sourires énigmatiques, ses œillades à l’attention d’autrui (tout comme elle)… Ces attitudes équivoques viennent un peu en décalage avec le cœur de l’intrigue, à savoir la fameuse pellicule sur laquelle figure Hitler embrassant une dame. Cette anecdote concluait le premier tome, elle fait ici tout le sujet de cette suite… et plus encore à venir !