L'histoire :
Par un soir pluvieux de janvier 1970, dans un manoir écossais. Après avoir vraisemblablement reçu une visite, Edward se sert un verre d’alcool, regarde quelques photos, hume une écharpe blanche et se donne la mort. 25 ans plus tôt, en mai 1945, ce jeune lord écossais s’apprête à partir pour l’Europe afin de porter un coup fatal à ce « cochon d’Hitler », en compagnie de son plus proche ami, Nicolas. Conforté par son statut et la puissance financière de sa famille, Edward est arrogant et suffisant. Nicolas est quant à lui de tempérament plus mesuré. Pour leur première mission, on leur demande de garder un camp de prisonniers à Lienz-Peggetz (Autriche). Ils s’étonnent alors de ne voir ni barbelé, ni mirador : les prisonniers cosaques campent en toute liberté, chantant et exhibant leurs danses folkloriques et leurs prouesses cavalières. Après s’être publiquement indigné, Nicolas récolte un coup de fouet dans le béret, lancé par une jeune femme très sexy et dotée d’un fort caractère. Macha est la petite fille du général Krasnov et Nicolas tombe rapidement sous son charme. Il apprendra par la suite que les cosaques ne sont pas vraiment d’horribles nazis : ils ont rallié le Reich car ils y voyaient essentiellement une occasion de gagner leur indépendance sur l’Union Soviétique qui les asservissait…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En préambule de ce diptyque en devenir, la scénariste Valérie Lemaire rappelle ce qu’est un cosaque : un mercenaire nomade (plutôt établi en Ukraine, Caucase et jusqu’en Sibérie) susceptible de s’engager au service de souverains. Elle retrace leur engagement tsariste et anti-soviétique… d’où leur combat au côté d’Hitler à partir de la violation du pacte germano-soviétique (22 juin 1941), une alliance qui n’avait rien d’idéologique. Sur le canevas historique authentique, mais méconnu, qui résulte des décisions prises à Yalta, Lemaire tisse une histoire d’amour évidemment tourmentée entre une belle cosaque et un (ou deux ?) écossais. Ou lorsque la realpolitik s’acharne à annihiler le bonheur individuel, en sus d’avoir martyrisé un peuple Après une première planche d’introduction en flash-forward située en 1970, l’intrigue se fixe majoritairement sur l’année 1945, époque de l’idylle entre Nicolas et Macha, et de l’ignominieuse décision britannique de « rendre » les cosaques aux soviétiques. Une mutinerie déclenche un massacre… et assurément quelques secrets familiaux qui se révèleront dans le second opus. Le dessin est assuré par Olivier Neuray qui renoue, 15 ans après la fin de Nuit blanche, avec le décorum russe. Toujours méticuleux, ce dernier « compose » visiblement les éléments et personnages de ses cases en jouant à grand renfort d’informatique avec le zoom… ce qui donne lieu parfois à de surprenants choix de focales (premier plan épais, arrière-plan riche et finement détaillé). Heureusement, la norme graphique s’applique plutôt à livrer des encrages élégants et cohérents, en tout cas parfaitement fluide et agréable à découvrir. Suite et fin au prochain opus…