L'histoire :
Prague, fin du XIXème siècle, Henri F, maître d'arme à la retraite, vit reclus dans un appartement au calme, sur la rive droite de la ville. Seule une de ses voisines a le privilège de rompre cet isolement tous les soirs, à l'heure du dîner : c'est une petite chatte noire avec un collier rouge. Un soir, ils assistent ensemble à une scène de ménage qui se déroule justement là d'où le félin vient chaque jour. Le soir suivant, c'est encore du raffut qui vient d'en haut. Excédé par tant de bruit, Henri sort pour voir ce qui l'empêche de travailler son violon. Dans les escaliers, il tombe sur plusieurs hommes chargés de documents, ainsi que sur son voisin, visiblement embarqué par ceux-ci, qui se revendiquent de la police. Le lendemain, Henri s'approche d'un attroupement sur la digue longeant la Vltava. La police est sur place, il s'agirait d'un suicide. La victime, dont le pardessus est posé près du lieu du drame, semblerait être le voisin arrêté la veille. Henri s'immisce dans les investigations de l'inspecteur, ce qui a le don d'agacer furieusement celui-ci. Pourtant les deux hommes devront rester en contact pour faire avancer l'affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Médée est une belle garce qui use de ses charmes et de ses dons divins pour changer le cours de l'Histoire, alors même qu'elle est en marche. Tout ça à cause d'une ancienne rancune très tenace qui prit corps lorsque Jason la renia pour Hélène. Cette fois, l'intrigue prend sa source dans le récit d'Homère et de ses voyages. L'ancienne Troie serait en réalité Albion et le théâtre de ses aventures historiquement liées à la Méditerranée, serait en fait la Manche (la mer). Jusque là, c'est clair. Pourtant, L'épée de Troie est une histoire obscure, tant par le sujet que pour la compréhension ardue qu'elle induit. A l'inverse, passé la couverture terne, la lumière est dans chaque page, le trait fin, l'architecture somptueuse… Seule Médée souffre d'une représentation changeante, avec un visage imprécis. Le travail sur la couleur, très réussi, rend l'album agréable à parcourir. Mais à force de suggérer les indices et d'accumuler les fils conducteurs, Renot nous égare au cœur de son histoire, si bien qu'on en suit le cours sans vraiment comprendre ce qui ce trame, concrètement. Prague, les francs-maçons, Londres, Troie, Camelot, Homère, Berkshire le pays du cheval, La Table ronde, l'inspecteur de police neveu d'Heinrich Schliemann ( ?? on l'apprend à la dernière page), tout ça en 45 planches, pour une histoire complète… et bien ça ne rentre pas dans la boîte ! Les éléments, très nombreux, ne peuvent vraiment s'assembler qu'avec une attention extrême et une interprétation correcte de certains détails. La chute, abrupte, presque absurde, témoigne de la difficulté qu'ont eue les auteurs à faire tenir cet épisode de Médée dans un format standard. Avec 17 (pages) de plus, le puzzle aurait pu être plus simple à résoudre et le plaisir à élucider cette histoire alambiquée… décuplé !
