L'histoire :
Un climat de guerre civile se tend de plus en plus au Vukland, petit état insulaire de l’Atlantique Nord. En effet, un ingénieur opposé à un projet de barrage a été assassiné et les kiviks accusent le nouveau gouvernement vulko. Au milieu de cela, un adolescent prénommé Run, de père vulko et de mère kivik, se retrouve victime collatérale : il s’interpose sur la trajectoire d’une balle destinée à son père. Cependant, un miracle se produit, que les médecins imputent à une pierre volcanique, une kafikadik, qu’il portait sur lui. En effet, les cristaux de cette pierre se sont naturellement concentrés autour de sa plaie, pour y apporter un pouvoir hautement cicatrisant. Le lendemain de son « meurtre », Run est déjà sur pieds, prêt à retourner aider son ami Kas. Or, dans la chambre d’hôpital voisine, Jo, la fille du chef du renseignement Roka, est quant à elle dans le coma, après avoir simplement tenu en main une Kafikadik ! Run s’évade littéralement de l’hôpital, avec la complicité du colosse Markus et de son copain taggueur Brook. Pendant ce temps, à la présidence de la République, des décisions radicales sont prises pour mater la révolution kivik. Et pour y parvenir, une aide matérielle américaine est annoncée à très court terme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En raison de ses nombreuses dimensions – sociale, politique, scientifique – le tome 1 de No war avait mis la barre très haut. Dans un monde contemporain tout à fait crédible, mais totalement fictif (le Vukland n’existe pas, en vrai), le thriller met en scène plusieurs forces politiques antagonistes, au moment clé où se radicalise une guerre civile. Et au beau milieu, issu d’une famille des deux bords, un jeune homme incarne une sorte d’« élu » messianique, lorsqu’un phénomène aux frontières du paranormale lui arrive. On entame donc ce second volume avec une forte faim de compréhension et d’attentes… Si quelques explications sont bien au menu (le pourquoi du rétablissement de Run), l’auteur Anthony Pastor agrège de nouveaux mystères en frayant avec le fantastique (l’expérience « astrale » de Jo). En outre, sur le plan politique, le climat n’évolue guère : les positions se crispent plus encore. Il faudra encore attendre le tome 3 pour que ça explose véritablement. Pastor touche juste en mettant en scène ce contexte insurrectionnel, dans l’air de notre temps. Il intrigue avec ses pierres kavikadik et leurs supers pouvoirs guérissant. Il nous attache aux personnages avec des psychologies crédibles. Il crée cependant plus la controverse avec un dessin fortement encré, aux traits épais et stylisés (parfois réalisé avec de grosses brosses infographiques) et sa colorisation en bichromie. Mais ce parti-pris dynamique colle à merveille à l’ambiance explosive et au registre indé qui sied au format. Un tome 3 viendra prochainement clore le… premier cycle !
