L'histoire :
Au collège Claude-Nicolas Ledoux du Plessis-Robinson, Medhi expose. Ses photos parlent toutes d’elle. Camille, la fille qui obsède ses pensées et qui, sans se retourner, s’en est allée. Marion craque pour Medhi, de trois ans son aîné, mais n’ose pas l’avouer. Clara, son amie, elle, craque sur Alexandre et ne veut pas l’avouer de même. Alexandre est un camarade de classe. Aujourd’hui, ils doivent aller tous ensemble – Clara, Camille, Jade, Gregory et Alexandre, tous camarades de classe – au cinéma. Alexandre accepte désormais de les fréquenter. Il n’en a pas toujours été ainsi. Alexandre est un nouvel élève arrivé en cours d’année, un jour de pluie. L’adolescent semblait ne s’intéresser à rien. Les cours l’ennuyaient. Il répondait aux professeurs, terminant souvent en salle d’étude. Gregory fut le premier à l’approcher. Pas à pas, il s’intéressa à lui, lui posa des questions quant à sa situation personnelle et finit par l’inviter chez lui. Alexandre s’y résigna. Mais, quand la discussion évoqua le père du jeune homme, celui-ci s’excusa précipitamment. Alexandre vit seul avec sa maman et sa sœur, Léa. Sa maman recherche un emploi, ils bougent souvent. Alexandre n’aime pas – déteste de fait – parler de son père. Lorsqu’il daigne en parler, au mieux il est resté en province, au pire il est décédé. Alexandre ment pour taire une vérité honteuse : son papa est en prison…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chronique réaliste de l’adolescence, Tendre banlieue occupe une place à part dans l’univers de la bande dessinée. Tito, son auteur, habitant les lieux mêmes qu’il dépeint – le Plessis-Robinson – il sait de quoi il parle. Sous son coup de crayon, la banlieue d’aujourd’hui apparaît à contrepied des discours misérabilistes et alarmistes, les jeunes comme ici et ailleurs. Rebondissant sur l’album précédent, L’absence revient néanmoins aux sources du titre. Le décor du collège y est omniprésent et l’intrigue s’articule autour d’une thématique sociétale majeure. L’absence parle intelligemment de la honte qu’un jeune garçon éprouve à savoir son père en prison. Regard honteux qu’il porte sur lui-même, regards des autres insupportables. Intelligence narrative – flashback introductif, fin ouverte – et intelligence de ton – faussement détaché – se conjuguent pour offrir au lecteur un moment à la fois plaisant et réfléchi. Tout le monde n’a pas eu, a, ou aura son père en prison, mais tout le monde au moins est susceptible de connaître un ami concerné. Le sujet, rarement abordé – tabou – touche à l’intime de l’être, à sa construction même, et, par incidence, vous touche immanquablement. Côté dessin, le trait reste fidèle à ses qualités réalistes quasi-photographiques comme à ses défauts : trop statique. Ce numéro dix-neuf prépare au mieux la vingtaine, laissant un goût de trop peu en bouche…