L'histoire :
Le plus dur dans les voyages, c’est d’être seul pour voyager. Et donc, par là-même, d’avoir à subir l’épreuve de la séparation. Surtout quand sa blonde vit à plusieurs milliers de kilomètres, à Montréal exactement. Mais aussi, en conséquence, parce qu’on doit plusieurs fois par an renouveler l’épreuve et les « au-revoir » avec lunettes pleines de larmes et de buée. Du coup, pour tromper la distance qui sépare, l’un emplit des petits carnets dessinés jour après jour. Et l’autre joue au jeu du message subtilement caché dans l’appartement : un papier autocollant jaune planqué sur la table à dessin ; un autre dans le frigo ou à coté de la brosse à dent. Et puis – merveilleuse technologie aidant – il y a Internet et la délicieuse webcam qui permettent d’échanger en direct avec ce savoureux décalage horaire qui fait tout le sel d’une relation passionnée. Brosser le tableau ainsi est néanmoins réducteur. Car qui dit séparation dit retrouvailles. Avant, il faudra néanmoins goûter aux joies du transport aérien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les joies de la vie de prof (tome 1) et un retour sur son enfance (tome 2), Fifi nous propose de nouveaux carnets au rythme d’une autofiction mettant en scène ses allers et retours au Québec. Trois ans de douloureuses séparations et de retrouvailles fougueuses sous le manteau blanc de Montréal servent cette fois de fil conducteur pour faire rimer humour, vie ordinaire et auto-dérision. Les longues heures passées dans l’avion et leur florilège de repas insipides, de questionnaires débiles et d’ingéniosité pour faire passer le temps. La vie « autochtone » et sa mesure de neige, de paysages vertigineux et de sympathique « patois ». Ou encore les volcans islandais… Tout y passe, disséqué avec malice et surtout joliment tartiné d’une épaisse couche de ce qui pourrait bien ressembler à quelque chose qu’on a soi-même vécu. La seule limite de l’exercice tient ici dans la difficulté à renouveler les situations. Fifi nous décrit plusieurs allers et retours, plusieurs séjours hivernaux chez nos cousins québécois et donne l’impression de se répéter un brin à chaque fois. L’idée d’une suite à ses pérégrinations montréalaises (prévue été 2013) centrée sur « l’ordinaire » – cette fois – estival de ses voyages, y est peut-être pour quelque chose. Un seul tome évoquant l’ensemble aurait peut-être empêché cette absence de renouvellement. Autre difficulté : le graphisme, qui apprivoise difficilement l’œil, en raison d’une colorisation peu engageante et d’un agencement des planches souvent brouillon. Mais l’essentiel est préservé et au final on passera un agréable moment. Pas des plus originaux – au regard d’un genre aujourd’hui sur-décliné – mais assez divertissant.