L'histoire :
Au large des côtes, en pleine tempête, un navire sombre avec à son bord une bien étrange cargaison. Même si Kim Wong sait qu’elle va infiniment décevoir son père, qui comptait sur la marchandise pour mener à bien ses recherches, elle n’a pas d’autre choix que d’embarquer sur une chaloupe avec ses compagnons. Elle rejoint ainsi la terre ferme… qui devient son tombeau : elle y est sauvagement assassinée. Mia et Walt, deux jeunes lieutenants de la criminelle, sont chargés de retrouver l’assassin. Mais il semble que ce soit plutôt le contenu de la cargaison et la personnalité du père de la victime qui attisent l’intérêt de la policière. En effet, Lothar Wong manipule à loisir les lois de la génétique en utilisant comme matière première des condamnés à mort préalablement décérébrés : c’est justement ce que transportait le bateau. Kim Wong est peut-être un dommage collatéral dans une guerre entre bio-commerçants ? Cette option semble convenir à la hiérarchie policière (vraisemblablement à la botte du surpuissant Wong) qui exige que Velickovic favorise cette piste de recherche. En attendant de se faire elle-même une idée, en interrogeant l’industriel sur ses activités, Mia se rend, pour se distraire, dans un club échangiste qu’elle fréquente depuis peu : hésitante encore à prendre part aux jeux proposés, elle est cependant très attirée par les propriétaires des lieux. Comble de hasard : ils semblent bien connaitre Wong et son passé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Progénitures ouvre Les nuits écorchées d’excellente façon. Cette série policière atypique mêle, en effet, à une trame classique, des thématiques parfois dérangeantes ou joue subtilement sur des registres qui font débat. Classique, car utilisant les codes du genre avec équilibre, l’intrigue se singularise par les touches répétées d’un univers particulier : pesant mais infiniment captivant. Ainsi, on vous assène de la manipulation génétique à grand renfort de mafia et l’on découvre une enquêtrice dure à la tache mais allégrement chahutée. Manipulée ou manipulatrice, hésitante ou décidée, jouant sur le fil de la bienséance, Mia Velickovic irradie l’histoire via les reliefs de sa psychologie. Régis Pénet sait doser les effets et s’il fournit du méchant, des coups pourris, de la baston, de l’effroi, il donne en échange cette si protectrice fragilité. Pas si simple, pourtant, car le scénariste joue avec le feu, mais il s’en sort haut la main. Au-delà de la construction de l’ouvrage, il y a la présence du dessin qui, même économe, s’emploie à jouer finement avec les lumières, délivrant un esthétisme qui tient volontairement à distance pour éviter de faire sombrer certains passages dans la vulgarité : un graphisme en symbiose avec le ton choisi. Cette première partie de diptyque se révèle être une excellente surprise, qui laisse augurer un bel avenir à ce polar bien travaillé.