L'histoire :
En mai 1947, les membres de la Bram Stocker Society londonienne reçoivent le témoignage d’un de leur confrère, le professeur Kravitz, qui s’est penché sur un phénomène courant des Carpates (en Roumanie). Il relate des pluies de météorites fréquentes, qui auraient de tous temps fait de gros dégâts et qui seraient liées aux apparitions légendaires de vampires et de morts-vivants. Il précise que 6 ans plus tôt, l’une de ces chutes de météorites aurait laissé sur place une pierre « magique » et il donne assez précisément l’emplacement de cet artefact. Deux membres du cercle, Clyde et Oscar, se proposent alors de partir en voyage d’étude sur place. Deux ans plus tard, au fin fond de la forêt amazonienne, une curieuse embarcation accoste sur le ponton du dispensaire tenu par le révérend Laughton. A bord, une diva allemande d’opéra lyrique s’époumone sur l’air des Bijoux de Faust… Elle est accompagnée par deux compatriotes – assurément d'anciens nazis – ainsi que de trois brésiliens cupides. Kathy Austin, agent du MI6 britannique déjà présente sur place, se doute bien que sous prétexte de performance culturelle, ils sont là pour la même chose qu’elle : mettre la main sur la créature extraterrestre qui a été mystérieusement photographiée en compagnie des indiens Yanomanis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les coscénaristes Rodolphe et Léo poursuivent leur intrigante aventure Amazonie dans la même veine logique que Kenya et Namibia. Pour rappel, leur héroïne agent du MI6 britannique cherche cette fois à élucider la présence d’une créature humanoïde étrange, sans doute un extraterrestre, au fin fond de la jungle brésilienne. Cette quête au surnaturel se place en rivalité avec celle d’un groupe d’allemands, des nazis en fuite – nous sommes en 1947. Elle se déroule surtout au gré de rebondissements insolites qui, paradoxalement, rendent ces conjectures réalistes ! Par exemple, le fil narratif principal reprend tandis qu’une cantatrice se présente au dispensaire en chantant l’Air des bijoux de Faust (le tube de la Castafiore) sur un rafiot en pleine jungle amazonienne… Et dans ce climat de tensions internationales sous-jacentes, tout le monde se bourre la gueule (cela aussi est singulièrement crédible). Avec un surcroit d’humour (les minauderies de Janice, la déclaration mal venue du capitaine Delio…), les auteurs délayent l’intrigue centrale tout à fait sérieuse de l’extraterrestre avec une intrigue secondaire s’étant déroulée deux ans plus tôt : la chute d’une météorite / pierre magique dans les Carpates roumaines. Un duo d’explorateurs londonien plus touristes que compétents mène alors l’enquête sur place par séquences alternées, et la thématique du vampirisme est aussitôt accrochée… Mais pour nous mener où ? Les questions restent évidemment nombreuses et l’incertitude des pistes narratives probables tout à fait insupportable. C’est d’ailleurs le principe de ces séries. Le trait réaliste de Bertrand Marchal aurait néanmoins une légère tendance à s’élimer. Quelques automatismes non finis, quelques traits de visages bruts, quelques perspectives bizarres lors des plans éloignés ne nuisent cependant pas à la cohérence graphique d’ensemble.
