L'histoire :
En pleine guerre froide, alors que l’actualité se partage entre le maccarthysme et la paranoïa d’une guerre nucléaire, John Blacksad, le chat détective privé, s’occupe à Las Vegas de la protection rapprochée d’un milliardaire. Ce job lucratif mais peu enthousiasmant l’amène au hasard de ses déplacements à une conférence sur l’énergie nucléaire, dirigée par un ancien ami de son père, Otto Liebber. Aujourd’hui, le professeur Liebber est un éminent scientifique, candidat au prix Nobel pour ses recherches sur la bombe atomique. De fil en aiguille, Blacksad se retrouve invité à une soirée privée des « Douze apôtres », un groupe d’intellectuels de gauche, organisée par Gotfield, milliardaire philanthrope, frivole et fort peu sympathique. Le courant passe nettement mieux en revanche avec la compagne de ce dernier, Alma Mayer, écrivain de profession. Mais le lendemain, on retrouve l’un des douze assassiné. Blacksad acquiert alors la conviction qu’une erreur d’identité a épargné Otto. Tout en protégeant à distance son ami, il décide de mener sa petite enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux ans entre chaque épisode de Blacksad, c’est d’autant plus long que la qualité est systématiquement au rendez-vous. Une nouvelle fois, l’alchimie entre le scénario de Juan Diaz Canales et le dessin de Juanjo Guarnido fonctionne à la perfection. Fans ou profanes se délecteront de ce nouveau bijou de polar noir, baignant cette fois dans une ambiance de « chasse aux sorcières » (aux communistes) et la phobie de l’holocauste nucléaire, deux sujets intimement liés aux USA dans les années 50. Affaire d’espionnage, histoire d’amour, polar musclé… Le scénario de Canales entremêle à la perfection ces aspects dans une réflexion éthique et politique palpitante. Aux côtés de deux personnages récurrents aux rôles cette fois de moindre importance (le journaliste furet Weekly et le commissaire berger allemand Smirnoff), le héros félin croise la route d’une flopée de personnages animaux, dont la race et le caractère coïncident astucieusement. Ainsi le controversé Otto Liebber est un hibou, l’odieux sénateur Gallo un coq, le tueur perfide un caïman… Personnages, décors, mouvements, atmosphères, sous la patte experte de Juanjo Guarnido, le graphisme est d’une rare harmonie. Rappelons que le précédent épisode a obtenu le prix du dessin ET du public à Angoulême en 2003… et cette nouvelle cuvée monte peut-être encore le niveau d’un cran ! Blacksad est plus que jamais et incontestablement une série qui aura marqué le 9e art « grand public » de ces dernières années.