L'histoire :
Le sinistre abbé Sathanase vient d’échapper in extremis à son assassinat commandité par Fouché. Il décide pourtant de retourner à Paris pour trouver une alliance avec le chef de la pègre, la fourmi. Sa mission divine est d’en finir avec l’imposteur Bonaparte. Pendant ce temps, le premier consul semble plutôt subir les préparatifs de son futur sacre. Alors que sa cour s’étripe pour savoir qui aura la meilleure place, qui aura qui comme voisin, quelle sera la tenue portée par unetelle, quelle diadème sera du plus bel effet, le futur empereur, qui s’ennuie à mourir, cherche un refuge dans l’action. Il ne peut s’empêcher, songeur, à cette mystérieuse berbère débarquée de nulle part à l’école militaire, lorsqu’il était jeune. Ce jour-là, il se reposait à l’infirmerie après une bagarre mouvementée. Le père de service lui avait amené cette visiteuse qui lui a proposé de mettre un masque censé le conduire à la gloire et à la destruction. Ayant accepté de le porter un instant, par une force inconnue, le masque ne voulait plus se détacher de son visage. La berbère lui demanda alors de penser à un animal… le bon… celui qui le délivrerait. Lorsqu’il avait pensé à l’abeille, le masque était tombé. Il serait donc l’abeille, et l’autre, son double serait la fourmi.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album réunit les deux derniers albums (Les coqs et L’hermine) de la série romanesque historique Double-Masque. Le scénariste Jean Dufaux achève son récit au moment où Bonaparte s’apprête à se muer en Napoléon. Sur le fond historique, la reconstitution est particulièrement ambitieuse et fort bien réussie, tant sur la trame scénaristique que sur le plan du graphisme de Martin Jamar qui se révèle détaillé, harmonieux, expressif, tout en restant extrêmement personnel. Il est alors fort agréable de retrouver les repères historiques connus et de découvrir comment ils s’entrelacent à merveille. Cette histoire parallèle, beaucoup plus sombre que la réalité protocolaire retenue par nos livres d’Histoire, frise avec subtilité avec le fantastique. Dufaux joue ingénieusement avec les points obscurs de l’Histoire, apportant sa propre version sur les causes du destin improbable de Napoléon. Les protagonistes principaux des tomes précédents, la « torpille » et « l’écureuil » sont un peu plus en retrait, au profit de l’ultime confrontation entre « l’abeille » et « la fourmi ». Loin d’être immédiat, ce scénario inventif se dévore alors à pleines dents, sur un rythme maîtrisé.