L'histoire :
Le citoyen Cambacérès était bien pressé ce matin : après s'être enfourné des petits pains, du potage à la Cameroni, deux douzaines d'huîtres, un lapin en gibelotte, une demi-dinde truffée, farcie de marrons de Lyon, cinq ou six poires tapées et un gâteau de riz, il n'a même pas pris le temps de toucher au fromage. Il ne voudrait pour rien au monde rater son rendez-vous avec le petit Friquet, ce charmant jeune homme qui lui offre bien des satisfactions... Malheureusement, quand il arrive à sa chambre, c'est pour le retrouver mort assassiné. Quelques jours plus tard, Cambacérès reçoit une lettre de chantage menaçant de rendre publique des lettres d'amour érotiques qu'il avait envoyé au petit Friquet, si une forte somme d'argent n'était pas versée. Cambacérès est alors obligé de s'en remettre au citoyen Premier Consul. Une fois de plus, Bonaparte fait appel au spécialiste des bas-fonds parisiens : François dit « la torpille ». Ce dernier a d'ailleurs fort à faire avec le Premier Consul, puisque Bonaparte lui confira quelques mois plus tard une mission de confiance pour déjouer le complot qui se trame contre lui...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la suite du premier recueil regroupant les tomes 1 et 2 de Double Masque, les éditions Dargaud proposent désormais les tomes 3 et 4 réunis en un seul album grand format. C'est l'occasion de continuer à dévorer les périlleuses aventures de « la Torpille », escroc talentueux des bas-fonds parisiens, qui se retrouve bien malgré lui au service de Bonaparte, alors qu’il était Premier Consul. Ici, tout est bon à prendre. Agrémentant son récit d'anecdotes truculentes véridiques, Jean Dufaux développe un imaginaire un poil fantastique et tout à fait bluffant autour de Bonaparte. Les intrigues fonctionnent à merveille et s'imbriquent parfaitement à la réalité historique. Soit une manière de redécouvrir autrement l'Histoire. Le réalisme de la série ne serait pas aussi exquis sans le dessin précis et minutieux de Martin Jamar, aussi à l'aise sur les décors que pour les personnages. Bonaparte à lui seul a graphiquement tout le charisme attendu. Et rien que ça, c'est déjà un exploit. La richesse des décors et des tenues d’époque, ainsi que les us et coutumes parfaitement retranscrits de cette période précédent le Premier Empire, finissent d'en faire une œuvre intéressante et incontournable…