L'histoire :
Au crépuscule de sa vie, tandis qu’elle s’éloigne sur la banquise dans le blizzard, la vieille inuit Buniq se souvient de sa jeunesse. Jadis, alors qu’elle a 15 ans, elle se lance à la recherche de son grand-père Ukioq, qui s’est une fois de plus isolé pour se laisser mourir sur la glace. En effet, par tradition chez ces indiens du grand nord, les vieillards qui se sentent inutile au clan agissent ains. Chemin faisant, elle croise Taq, son jeune ami chasseur. Assis devant un trou dans la banquise, il attend qu’un phoque passe sa tête pour le chasser. Mais pour le moment, il a tout juste réussi à mettre le feu à sa peau de renne avec la bougie sensée lui tenir chaud. Buniq poursuit son chemin et trouve enfin son grand-père. Avec une certaine malice, elle parvient à lui faire renoncer à son désir d’en finir, en lui annonçant qu’un voyageur vient d’arriver à leur habitat. Ce qui signifie qu’il y aura de merveilleuses histoires le soir, lors de la veillée ! Le lendemain matin, Buniq retourne récupérer Ukiok qui s’éloigne une nouvelle fois pour s’isoler. L’argument de Buniq est encore meilleur : elle a décidé de devenir conteuse. Et pour ça, elle doit partir à la découverte du pays des hommes pour en rapporter de belles histoires à raconter. Or vu que ses parents n’accepteront jamais de la laisser partir seule, elle demande à son grand-père de l’accompagner. Ukiok accepte, à la condition qu’un chasseur les accompagne. Buniq pense aussitôt à Taq…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une belle histoire au Mali (Le crochet à nuages), les éditions Dargaud et le magazine Géo enrichissent leur collection cosmopolite à destination de la jeunesse. Géo BD réunit en effet des aventures indépendantes en one-shots, qui mettent à chaque fois en scène de jeunes héros dans leurs civilisations traditionnelles aux quatre coins du monde. Direction le grand nord canadien dans cet album, avec l’histoire de la petite inuit Buniq qui a décidé de devenir une conteuse d’histoires. L’exercice narratif est particulier pour le scénariste bicéphale Béka (Bertrand Escaich et Caroline Roque) : il consiste à raconter l’histoire d’une raconteuse d’histoires. Une nouvelle fois, Béka délivre un récit parfaitement équilibré dans chacune de ses ambitions : les jeunes personnages sont très attachants, leur récit initiatique passe par des étapes originales et la dimension documentaire joue pleinement son rôle. De nombreuses facettes de la civilisation inuit sont explicitées et intéressantes : leurs moyens de subsistance, leurs traditions, leur ouverture au monde, leurs amours… L’album doit aussi beaucoup au dessin semi-réaliste d’une grande fluidité de Marko (Marc Anspach). Celui-ci peut certes se concentrer à loisir sur les personnages, étant donné que côté décor, la banquise n’offre que peu d’aspérités… Signalons enfin que cet album parait de conserve avec un autre de la même collection, se déroulant dans la Chine rurale (Les enfants de l’ombre).