L'histoire :
Cette nuit là, au pied d’une falaise du pays Dogon (centre du Mali), le chacal remue de ses griffes la table de divination où ont été déposées des offrandes. Le lendemain, les sages détermineront la météo des jours à venir, à partir des traces laissées par l'animal. Pendant ce temps, le jeune Amakala, lui, rêve qu’il discute de ce problème de sécheresse avec un masque rituel. Au petit matin, son père lui demande de l’aider aux champs : l’adolescent doit lui rapporter l’engrais que les grimpeurs vont chercher à flan de falaise. Aussitôt Amakala part réveiller son meilleur ami Iéména, pour qu’il l’aide. Le spectacle des grimpeurs, qui prennent mille risques en se balançant au bout de leurs cordes, mérite en effet l’effort. Puis, ils repartent de la falaise vers la zone des cultures en portant à bout de bras leurs lourds sacs remplis de guano. Ils croisent Dedjié, la future femme d’Amakala, qui leur conseille de poser leurs sacs sur leurs têtes : c’est infiniment plus facile ainsi ! Aux champs, le père d’Amakala est inquiet. Il aimerait que le crochet à nuage qu’il a forgé et positionné au dessus de l’autel du Binou, perce enfin les nuages et qu’il pleuve ! Grace au rêve qu’il fait la nuit suivante, Amakala subodore que le crochet n’est pas idéalement placé. Le lendemain, lui et Iéména se mettent en tête de le lancer le plus au possible vers le ciel, depuis un haut plateau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce Crochet à nuages, Dargaud inaugure un partenariat avec le magazine Géo, visant à faire découvrir aux lecteurs adolescents la vie de tous les jours dans une région différente du monde. Pour commencer, cette aventure en pays Dogon nous permet d’apprécier les coutumes et la vie dans la première région touristique du Mali, au centre du pays. Frais, souriant et particulièrement « lisible », le dessin de Marko se montre parfaitement adapté au registre, de même que la colorisation contrasté fait honneur à ce pays baigné de soleil. Sans jamais se départir d’une intrigue légère et impeccablement construite pour emporter l’adhésion du lecteur, le duo de scénaristes Béka (Bertrand Escaich et Caroline Roque) distille nombre d’informations culturelles, un zest d’humour en prime. On y découvre notamment une société dogon traditionaliste et endogame (le petit héros devra se marier avec une fille du village), qui accorde une grande place à la cosmogonie, aux danses rituelles et à l’ésotérique société des masques. Les auteurs n’oublient pas de souligner l’architecture caractéristique : ses villages souvent implantés dans la falaise et la case à palabres est volontairement basse pour réfréner les emportements (en se levant brusquement, on se cogne la tête !). Ou encore l’économie locale tournée vers l’art de la forge (le crochet à nuage est en métal), l’agriculture et son souci permanent d’irrigation (d’où les risques insensés pris par les « grimpeurs » à flan de falaise pour récupérer le guano, engrais naturel, dans les grottes des oiseaux). Bref, un très large public sortira de cette BD avec la sensation d’avoir voyagé !