L'histoire :
Les 3 membres de l’agence Imago Mundi, Loïc, Leïa et Harald, spécialisés dans les fouilles archéologiques par rayons gamma, se sont installés au sud de l’Angleterre, sur le site de Silbury Hill. Leur mission consiste à sonder l’intérieur de cette célèbre et énigmatique butte préhistorique, pour mieux en comprendre les origines et surtout la protéger de l’érosion et des vandales. Cependant, ils doivent affronter l’animosité de la population locale, qui craint que les rayonnements électromagnétiques ne nuisent à leur santé. D’autre part, la présence de « crop circles » dans les champs avoisinants, attire sur place les membres d’une association d’illuminés : la famille de la lumière. Ces derniers pensent que les agroglyphes dessinés dans les champs signifient l’arrivée imminente des extraterrestres. Alors que le chantier doit être interrompu, Harald est contacté par un mystérieux individu, proche du terroir, qui lui propose une association pleine de bon sens. Pendant ce temps, Leïa et Loïc étudient de près la structure des cercles et la courbure des épis de blé, pour mieux dissocier la part rationnelle de la supercherie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois depuis les débuts de la série Imago Mundi, un diptyque ne parait pas de concert. De quoi apprécier pleinement le suspens mis en place par Eric Corbeyran, autour des éléments scientifiques instillés par l’universitaire Achille Braquelaire. Le tome 9 se situait d’emblée aux frontières du fantastique, avec une boule lumineuse à l’origine de crop circles (l’arrivée imminente des extraterrestres ?), évoquant un lien sous-jacent entre ces mystères et les origines de la butte de Silbury Hill. Il y avait du pain sur la planche pour débroussailler tout cela en un seul volume ! Après deux mois de macération pour le lecteur, cette suite réussit le tour de force de tout expliquer de manière exhaustive et rationnelle. La science est bel et bien l’héroïne de la série. La rigueur de la méthode employée est crédible et parfaitement compréhensible pour le commun des mortels, sans lasser, ce qui n’était (a priori) pas une sinécure. En outre, la conclusion balaie sans équivoque les mysticismes de tous poils, largement issus des fantasmes populaires, et créés parfois de manière inconsciente. Cette double démonstration est comme toujours mise en relief de manière réaliste par Luc Brahy, sur un trait précis qui manque toujours un peu de caractère. Si ce style favorise un sentiment de superficialité autour des personnages (néanmoins atténué par la colorisation chaude de Bérangère Marquebreucq), il renforce parallèlement l’efficience de la rigueur scientifique. En ce sens, Imago Mundi fait honneur à sa vocation.