L'histoire :
Pot-de-Miel, un homo sapiens sapiens, se réveille un matin dans sa caverne aux côtés de sa petite famille. Il joue un peu avec sa fille, puis part pêcher quelques poissons. Après une bonne grillade, sa femme Nuit-des-Câlins lui fait remarquer qu’il y en a ras-le-bol du poisson à tous les repas. Alors il décide de partir chasser. Après quelques préparatifs (une « épée » bien tranchante, un gourdin plein de dents de bêtes, une jolie ceinture avec un crâne au milieu…), il passe prendre son premier pote, Grand-Nez-qui-Déniche. Celui-ci l’avertit que cette fois-ci, ils ne seront que deux : depuis qu’Astucieux-qui-Rit est obnubilé par des activités mystiques, il n’est plus vraiment enclin à partir à la chasse. Tant pis, les deux copains feront sans lui. Pour commencer, Grand-Nez-qui-Déniche a l’idée de changer pour une fois de technique d’attaque : ils se mettent en embuscade dans un arbre et prévoient de se laisser tomber sur une proie de passage. La première tentative est calamiteuse : ils sautent trop tard et le dragon qu’ils convoitaient se retourne très énervé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout commence comme une pub pour Ricorée (en musique : le soleil vient de se lever…), mais à l’époque préhistorique. Voici le quotidien d’une famille qui baigne dans le bonheur, dans un contexte naturel plutôt sympa. Puis, à travers une banale aventure de chasse, le monsieur découvre que l’agriculture c’est pas mal, aussi. Et voilà, deux millions d’années plus tard, le lent processus de la civilisation et de la modernité a donné une bande de joyeux lecteurs en train de s’extasier sur une BD de Yohann Sfar. A travers cette énième série, l’éminent auteur ne cherche rien d’autre que de divertir sur le thème d’un quotidien préhistorique, le tout servi par des dialogues drôles et contemporains. Il y a tout de même une large part de réflexion autobiographique à travers cette chronique d’un chef de famille, racontée par un Sfar lui-même récemment papa. En raison de quelques détails narratifs (dispensables ?), notamment sur la logique d’un étui pénien ou le fantasme très explicite des hommes des cavernes, l’album n’est pas destiné aux plus jeunes. L’auteur ne s’encombre pas non plus des vraisemblances historiques (l’anachronisme des dinosaures à l’époque des hommes), ni d’une intrigue très complexe (l’aventure est très linéaire). Mais cela est empli de poésie et de philosophie (comme toujours chez Sfar, titulaire d’une maîtrise de philo, mention TB). Enfin, graphiquement, on a droit à du Sfar pur jus : un dessin naïf, chargé et réalisé tellement rapidement que sa coloriste Brigitte Findakly est parfois obligée de lui demander ce qu’il a voulu représenter, exactement… Car sans complexe, Sfar revient dans un cahier final sur quelques questions techniques et/ou intimes soulevées par ce premier épisode. A suivre dans un prochain l’ami des gorilles…