L'histoire :
Le vent est chaud et laisse danser, comme par magie, les fleurs de cerisier. L’herbe verte est tendre, épaisse… Le chaton ronronne tendrement… Pourtant, la petite Tutu pleure à gros bouillon et n’a qu’une idée : RENTRER A LA MAISON ! Six mois qu’elle est ici. Six mois que par une matinée enneigée, elle a fossé compagnie à ses copains de l’orphelinat lors d’une balade. Six mois que la tempête de neige l’a poussée au cœur de cette drôle de ville… Sur le boulevard principal, attirée par les néons des magasins, la fillette demande juste aux passants de lui indiquer un endroit pour se réchauffer. Drôles de citoyens, qui la montrent du doigt. Qui lui demandent de retourner d’où elle vient. De rester avec ceux de son espèce. Il faut dire que dans cette ville, aucun n’a apparence humaine : animaux de toutes sortes ou robots, semblent en haut de l’échelle de l’évolution. Ce sont d’ailleurs des lapins vêtus de manteaux noirs qui constituent la police secrète et qui, sans réfléchir un instant, conduisent Tutu au tribunal pour son procès. Pensez donc ! La petite s’est permis de se promener sur le trottoir d’un grand boulevard. Intraitable, le juge la condamne à être placée dans une famille d’accueil, en attendant de trouver une solution pour s’en débarrasser. Le soir même, elle est donc conduite au domicile d’un gros canari…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour offrir à petits et grands ce petit conte coloré, Richard Marazano décide de perdre une petite orpheline dans un drôle de pays gouverné par un despote mystérieux. Police composée de lapins un brin stupides, canari géant ou panda-ouvrier d’usine se régalant de vers de terre, alimentent cet univers dans lequel la petite Tutu n’est pas franchement la bienvenue. Prévue en 4 albums, il est bien difficile de savoir jusqu’où cette fable nous conduira. Mais d’ores et déjà, cette mise en bouche séduit. On ne sait pas vraiment où l’on se promène. Peut-être quelque part dans les circonvolutions oniriques des nuits de la petite fille. Peut-être bien dans un monde parallèle ouvert par magie… En tous cas, quelque part où l’imaginaire fonctionne à bloc. Dans ce doux entrelacs d’angoisse, d’humour burlesque, de pensées enfantines, on se laisse absorber par un récit qui fera grandir les plus petits et permettra aux plus grands de garder leurs yeux d’enfants. Bien rythmées et scellées par un bout d’intrigue, les 46 planches s’avalent facilement. On aime prendre le parti des gentils qui rêvent de liberté. On conspue les méchants totalitaires. On adore rapidement la petite Tutu. Bref, on se régale de cet univers oscillant entre Lewis Caroll et Hayao Miyazaki et dont le dessin de Luo Yin est le parfait prolongement : trait aux rondeurs manga, rythme des mouvements ou charme des couleurs embarquent l’œil dans une aventure dépaysante et animée.
