L'histoire :
Perdue dans le blizzard, la jeune Tutu a cru trouver un douillet refuge dans une ville cachée au creux d’une petite vallée. Bien vite, pourtant, elle doit se rendre à l’évidence : elle n’est pas la bienvenue dans ce monde on ne peut plus farfelu. Pire encore : elle est retenue prisonnière par l’Empereur, un mystérieux despote qui veut se servir d’elle pour capturer un papillon blanc capable de survivre au froid. Le lépidoptère pourrait permettre à l’éternel hiver de quitter la vallée. Bien qu’ayant rencontré ce fameux papillon, Tutu n’est pas décidée à aider l’Empereur. Ni d’ailleurs à se confier aux acteurs de la résistance qui s’est mise en place pour combattre le tyran…Au sortir d’un nouveau rêve étrange et suite à une nouvelle gaffe en se rendant dans l’usine où elle a été affectée, Tutu à une soudaine révélation : et si l’éternel hiver n’était que la conséquence désastreuse de la suractivité des usines censées produire de la chaleur, mais dont les épaisses fumées empêchent le soleil de passer ? Certaine de sa théorie, Tutu réunit les ouvriers de l’usine, avec la complicité de Monsieur Panda. Son objectif : ouvrir leur conscience et les faire se révolter. Mais notre jeune amie déchante vite. Il y a bien longtemps en effet que tous ont compris. Mais comment peuvent-ils faire pour chasser l’empereur qui procède depuis des années à un lavage de cerveau continuel sur la population ? Et si, pour mieux comprendre les motivations du despote, un petit tour à la bibliothèque était des plus recommandés ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Intelligemment cadré, attentif aux regards, embelli par ses jolies couleurs et empreint d’une touche shōjo particulièrement appropriée, le travail de Luo Yin nous fait une nouvelle fois une belle œillade. Une de celles qui participent avec envie à la plongée dans cet univers où le conte, l’imaginaire et la poésie entament une farandole perpétuelle, confiant notre curiosité au mystère, à l’humour burlesque et à l’empathie. Nouveau point de rencontre lumineux entre Miyazaki et Lewis Caroll, ce 3éme chapitre se hisse sans complexe au niveau de ses prédécesseurs, pour un récit n’oubliant ni le rythme, ni l’humour, ni les petites révélations. En prime, il nous offre une héroïne encline à prendre le taureau par les cornes pour cesser de subir (et de pleurnicher…) et jouer les meneuses d’intrigue sans balbutier. On appréciera une fois encore l’interaction des personnages (Tutu et le chaton par exemple), la déclinaison de leur personnalité multi-facettes (par exemple, les lapins-espions) et le tison d’un petit suspens particulièrement habile à titiller petits et grands lecteurs. Du côté des indices habilement distillés, on découvrira ici l’objectif poursuivi par l’Empereur en demandant à Tutu de capturer pour lui le fameux papillon : une histoire de rêve… évidemment ! Avec en outre une jolie parabole, certes peu accessible pour une partie du public visé, mais qui, sous l’égide de l’ancestrale philosophe Zhuang Zi permettra aux plus aguerris de mieux apprécier le tire de la série (…et d’en comprendre le dénouement ?). Bref, plus de 50 pages de dépaysement complet, contées au millimètre, dans un éternel hiver auquel on commence à prendre goût. Et pourtant, pour lequel l’arrivée du printemps n’est plus vraisemblablement qu'une affaire de 4éme tome. Tutu active ; désemparé Cerf-voleur ; Lapins-espions farfelus ; grognon Panda et chaton bavard-borné : à vous de jouer !