L'histoire :
La petite Tutu a eu la mauvaise idée de fausser compagnie à ses copains de l’orphelinat lors d’une balade dans la campagne enneigée. En effet, prise par la tempête, elle a bien cru trouver refuge sous les lumières éclairées de cette ville qui semblait lui tendre les bras... Mais depuis lors, elle est retenue prisonnière dans cet étrange endroit, peuplé d’animaux qui parlent, de lapins espions et gouverné par un empereur qui a tout de l’infâme tyran. Ici, Tutu est une étrangère et tous ne se privent pas, des trottoirs de la ville à l’usine où elle doit travailler, de le lui rappeler. Seul brin d’espérance : le cerf-voleur, un drôle de justicier rebelle qui sème la zizanie et semble capable de l’aider. Il y a aussi ce petit papillon blanc, qui anime régulièrement ses rêves, qu’elle retrouve un beau matin posé sur le rebord de sa fenêtre et qui semble vouloir lui dire quelque chose. Elle n’a cependant, pas le temps d’apprendre quoi que ce soit : elle est attendue par l’empereur ou plutôt par l’un de ses drôles de robots qui lui servent à communiquer. Ce que veut le tyran, c’est justement qu’elle l’informe si un certain papillon blanc tentait de la contacter. Car l’animal est spécial : il est le seul au monde qui puisse survivre aux rigueurs de l’hiver. Une faculté qui serait bien utile dans ce pays qui semble vivre un éternel hiver. En outre, il demande à la petite fille de l’aider à capturer le cerf-voleur. Mais Tutu, qui n’a pas peur de cet abominable empereur, refuse de l’aider…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A peine le temps de prendre congés de l’attachante petite Tutu, que la voici de retour pour nous conter la suite de son périple dans cette mystérieuse ville enneigée dont elle ne peut s’évader. Loin de se faire prier, on reprendra donc volontiers une tartine d’onirisme Lewis Carollien, saupoudré d’imaginaire fantastico-poétique à la Miyazaki. Car concédons le, bien avant l’intrigue et le mystère entourant le papillon blanc, c’est l’univers mis en place par une narration brillante, digne des meilleurs contes, qui emporte notre adhésion. Quoi de plus agréable que de se laisser emporter par l’aventure de cette petite orpheline jouant une large gamme d’émotions allant du comique absurde, burlesque à la douce angoisse, en passant par l’apitoiement. Pour autant, on avance tout de même ici peu à peu dans l’histoire stricto sensu, savourant d’avance le rôle que notre petite amie doit, bien malgré elle, y jouer : despote-inventeur fou ; cerf-voleur ; gamins rebelles ; lapins stupides (mais peut-être pas si fous) et rêve lancinant se chargent de lui mettre une terrible pression. En outre, comme dans tout bon conte qui se respecte, Richard Marazano se charge d’instiller ici et là une pédago-philosophie, via l’égrenage des thématiques de la résistance au pouvoir, de la lutte pour la liberté et de la différence, pour notre plus grand bien. A nouveau, le dessin de Luo Yin, stylisé à la manière des plus jolis mangas, se veut le parfait métronome de cet univers convaincant et mis à la portée du plus grand nombre par ce duo talentueux (il est vivement conseillé de partager cette lecture en famille !). A ne pas manquer.