L'histoire :
Chanteur-auteur-compositeur, Didier Chadeau est le stéréotype de l’artiste raté. Il vit de vagues prestations au cours de soirées branchées, mais en repart généralement avec la honte de les avoir gâchées. Il n’a pas un rond, son proprio menace de l’expulser, et sur l’étal du Stéréo Club, pas une des cassettes qu’il a enregistrées ne se vend. Il rêve pourtant de rencontrer un producteur qui lui apportera la gloire. Un soir, un message sur son répondeur lui donne rendez-vous dans une maison de disque ! Il s’y rend, empli d’espoir… pour se voir envoyer sur les roses par une impresario peu amène : il faut absolument qu’il cesse de les harceler avec ses envois de cassettes pourries ! Désappointé, il se souvient de son père, artiste loupé lui aussi, haï pour le crincrin insupportable qu’il s’obstinait à tirer de son violon. Cherchant une solution à son naufrage, il fait expertiser le violon de son père dans le but d’en tirer un bon prix chez un vendeur de bien. La surprise est de taille : l’instrument, un « Guarnerius », part aux enchères pour 2 millions d’euros, chez un soliste réputé !! Plein aux as, Didier décide d’acheter sa gloire et se rapproche d’un producteur véreux. Il devient Didier Shadow…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le sujet récurrent de la série est ce magasin de disques, le Stéréo Club et les personnages qui gravitent autour. On croise donc à nouveau Youri, du « cercle des amis du jazz et du vin », ses parents ou encore l’employé de la boutique, tous dans des seconds rôles. Après Guy et sa crise de la cinquantaine (lire tome 1), le propos change de registre avec cette histoire d’artiste raté qui persiste à chercher la reconnaissance du milieu. Hélas, dans la vie, on peut acheter beaucoup de choses, mais pas le talent, ni la réussite. C’est à peu près à cette maxime que ce résume la trame générale de ce nouvel épisode. Didier Chadeau est un ringard qui se trompe sur toute la ligne et persiste jusqu’à plonger dans une spirale infernale. Cette histoire parvient à nous faire partager des sentiments forts : injustice, obstination, dédain. En ne lui accordant même pas de rédemption finale, le scénario d’Hervé Bourhis ne cherche pas à nous servir une morale lourdingue, et tant mieux ! Le dessin de Rudy Spiessert est fidèle à sa ligne graphique : simple, moderne et parfaitement adapté à ce genre : la chronique sociale. Certes cela se lit un peu rapidement, mais une fois le bouquin refermé, on continue d’y penser…